Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  

Production : Beijing New Pict. Films Co., Elite Group Enterp.
Distribution : UIP
Réalisation : Zhang Yimou
Scénario : Li Feng, Zhang Yimou, Wang Bing
Montage : Angie Lam, Zhai Ru
Photo : Christopher Doyle
Décors : Huo Tingxiao, Yi Zhenzhou
Son : Tao Jing
Musique : Tan Dun
Costumes : Emi Wada
Durée : 89 mn
 

Jet Li : Nameless
Tony Leung : Broken Sword
Maggie Cheung : Flying Snow
Zhang Ziyi : Moon
Donnie Yen : Sky
Chen Dao Ming : King
 

site officiel
 
 
Ying Xiong (Hero)


Chine / 2002

24.09.03
 

Depuis sa mise en production en 2001, Hero attise les convoitises. Pour preuve, tous les festivals l'ont voulu : Palm Springs, Berlin, Deauville, Jérusalem... Après le succès phénomène de Tigre et Dragon, cette superproduction chinoise de 15 millions d'euros - un record pour un film en mandarin - a rapporté, uniquement sur son territoire et en moins d'un mois près de 23 millions d'euros. Le film n'a pas encore fait ses preuves à l'étranger. Si les Européens ont la chance de le voir en 2003, Miramax, le distributeur américain, ne s'est pas encore fixé sur une date de sortie. Tout fier de l'avoir acquis au nez et à la barbe de Sony Pictures Classic (distributeur des films de Zhang Yimou et de Tigre et Dragon), le studio des frères Weinstein retarde mois après mois la diffusion aux Etats Unis. Difficile à comprendre quand on sait que Hero a été cité à l'Oscar du meilleur film étranger cette année. Alors pourquoi ne pas bénéficier de cet atout marketing? Car Hero est désormais prévu pour... 2004! Il suffit de comprendre que Miramax est aussi le producteur d'un film de kung -fu signé Tarantino pour saisir toute la perversité des politiques d'acquisition de ce studio. Hero était typiquement l'arme qui pouvait trancher en deux le film de leur poulain Quentin.





Sorti en décembre 2002 en Chine, le film a récolté quelques prix à Berlin (le Alfred Bauer Prize) et à Hong Kong (tous les "Oscars" techniques, soit 7 prix parmi les 14 nominations), mais de moins bonnes critiques, légèrement désappointées par rapport aux enjeux financiers.
Après tout le casting faisait rêver. Derrière la caméra, l'un des maîtres du cinéma chinois, Zhang Yimou, 53 ans, l'un des piliers des cinéastes de la Cinquième Génération nous avait émerveillé avec Le Sorgho Rouge (Ours d'or à Berlin), Epouses et Concubines (Lion d'argent à Venise), Qiu Ju (Lion d'or à Venise), Vivre! (Grand prix du jury à Cannes)... Ses récents films ont eu moins de succès mais ont tous bénéficié de sorties internationales et de sélections dans les prestigieux festivals. Yimou s'est adjoint le plus asiatique des directeurs de la photographie occidentaux, Christopher Doyle. On lui doit notamment l'esthétique des films de Wong Kar-wai (In the mood for love), mais aussi la photo de Temptress Moon (de Chen Kaige), Psycho (de Gus Van Sant), et de Rabbit Proof Fence (de Philip Noyce). Toujours pour avoir de la crème de la crème, les chorégraphies (ou séquences d'action, selon la terminologie qu'on emploie), ont été imaginées par Tony Ching Siu Tung, réalisateur de Histoire de Fantômes Chinois, et auteur des combats de l'énorme hit Shaolin Soccer.
Mais tout cela ne serait rien sans les têtes d'affiches. Jet Li, qui avait abandonné le rôle principal de Tigre et Dragon à Chow Yun Fat, n'a pas, ce coup-ci, laissé passer sa chance. Jet Li, ancien champion national de Wushu, devient une icône du cinéma de Hong Kong dès la fin des années 80, grâce aux films de Tsui Hark ou Corey Yuen. Depuis 1998, sa carrière s'est internationalisée. En prenant le rôle du méchant dans L'Arme Fatale 4, il s'offre une vitrine incontestable; depuis il tourne dans des séries B dopées aux cascades et aux effets spéciaux : The One, le Baiser mortel du dragon... Tony Leung ne joue pas dans la même catégorie. Star mondiale grâce à In the mood for love (son quatrième film avec Wong Kar-wai), il a aussi été remarqué dans des films de John Woo (Une balle dans la tête, A toute épreuve), Hou Hsiao Hsien (La cité des douleurs) et Stanley Kwan (Love unto waste). Il retrouve Maggie Cheung, sa partenaire de In the mood for love (décidément une référence), et autre star asiatique. Elle remplace ici Michelle Yeoh, initialement prévue, mais préférant faire The Touch plutôt que de répéter son succès de Tigre et Dragon (décidément on n'en sort pas). Cheung a joué chez Jackie Chan, Stanley Kwan, Olivier Assayas, Wayne Wang, Anne Fontaine...
Au milieu de ce trio de vétérans, nous remarquerons surtout la très belle Zhang Zihi. Révélation de ... Tigre et Dragon (disponible en DVD pour ceux qui n'ont pas compris qu'il s'agissait d'une oeuvre phare dans le genre), cette actrice de 24 ans, danseuse de formation, tourne son premier film avec... Zhang Yimou. Le cinéma est une grande famille. The Road Home, son premier film, en 98, remporte deux prix à Berlin. On l'a aussi vue dans Rush Hour 2 (de quoi faire monter son salaire à Hollywood). On la retrouvera chez Tsui Hark (The Legend of Zu) et Wong Kar-wai (2046). Entre temps, nous l'avions déshabillée du regard à Cannes en 2003, avec un film en compétition officielle, Purple Butterfly.
A propos de couleur, point de pourpre, mais des couleurs très franches qui donnent la tonalité du film : le rouge, le blanc, le bleu et le vert. Chacune raconte une perspective différente. Le rouge symbolise l'imagination, le blanc illustre la vérité, le bleu renvoie à la perception de la réalité, et le vert est synonyme de lumière et de paix.
Hero a de quoi séduire tous les adeptes du genre, et au delà. Ce film ambitieux, que la Chine revendique comme l'un des symboles de sa résistance au cinéma américain - au point de soupçonner Zhang Yimou d'avoir fait une oeuvre de commande et propagandiste - se base sur un pan de l'histoire nationale véridique. Entre 475 et 221 avant J.C. (qui là bas n'était pas vraiment connu), la Chine était scindée en 7 royaumes. C'était la Période des Etats Guerriers (ou des Royaumes Combattants, selon les sources), époque de combats perpétuels entre les seigneurs. De là sont nés de nouvelles armes (individuelles) et les plus célèbres traités de stratégie (l'Art de la Guerre, de Sun Tzu). C'est aussi à cette époque que le confucianisme, le taoïsme et même le légalisme se sont épanouis. Ère cruciale de l'histoire chinoise, de l'économie à la société, elle fut aussi celle de l'apogée du Roi de Qin, tyran à côté duquel Néron semblait presque gentil. Ce Roi a été notamment dépeint dans le film de Chen Kaige, L'Empereur et l'Assassin. Car de nombreuses légendes sont nées de son pouvoir brutal et des multiples complots à son égard. Qin annexera les 6 autres royaumes entre - 256 et - 221 avant JC. Qin se prononçant Tsin, donnera le nom Chine. Vous comprendre alors que nous parlons ici de la création d'un pays, le premier Etat féodal. Ce monstre déportera 200 000 individus, brûlera tous les livres (exceptés ceux de médecine, d'astronomie et d'agriculture) et déclarera l'art comme loisir profane. Son pouvoir s'éteindra avec sa mort, en 206 avant JC. Doit-on comprendre que la glorification de cette époque est une mise en parallèle avec la Révolution Culturelle (que le réalisateur a pourtant subit) où toute grande nation naît dans la souffrance et la douleur?
 
vincy
 
 
 
 

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