Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  

Production : Margaret Menegoz
Réalisation : Roger Planchon
Scénario : Roger Planchon
Montage : Isabelle Devinck
Photo : Gérard Simon
Musique : Jean-Pierre Fouquey
Durée : 125 mn
 

Régis Royer : Henri de Toulouse Lautrec
Elsa Zylberstein : Suzanne Valandon
Anémone : Adèle de Toulouse Lautrec
Claude Rich : Alphonse de Toulouse Lautrec
Jean-Marie Bigard : Aristide Bruant
 

l'enfant d'albi
 
 
Lautrec


France / 1998

09.09.98
 

Lautrec a été longtemps attendu. Superproduction historico-artistique francaise, le film ne transcende pas ce genre Qualité Francaise qui ont fait les demi-succès connus de La Reine Margot, Germinal, Marquise, Le Hussard sur le toit, ou Madame Bovary...




Reproductions aux trames chronologiques, aux effets de caméras académiques, aux costumes et aux décors parfaits, ces films semblent pourtant lasser le public, tout en attirant des castings et des metteurs en scène prestigieux, comme s'il s'agissait d'une étape de carrière indispensable pour être accepté du sérail.
Lautrec ne fait pas exception. Présenté en gala à Venise et Toronto, ce divertissement esthétiquement soigné est un beau portrait de société, où les clivages entre conservateurs et créateurs, entre puritanisme et bons vivants, ne fait que souligner l'écartèlement typiquement français entre anglo-saxonisme et latinisme.
Lautrec a donc tout pour plaire aux marchés étrangers. Pas sûr que les français soient séduit alors que Monte-Cristo envahit... la TV !
Reste un film révélant Régis Royer comme Conan avait fait connaître Torreton. Et un beau tableau dépeignant un Paris pré-Belle Epoque, une période révolue, mais toujours aussi fantastique à voir...

Régis Royer a travaillé pendant un an à la préparation de son rôle tandis que Planchon essayait de l'imposer aux producteurs, qui eux préféraient Gérard depardieu (original!!!!)
L'acteur a même pensé à se faire silliconer les lèvres pour mieux ressembler à l'albigeois. Il finira avec de simples prothèses et jouera la plupart du temps genoux fléchis pour passer de 1m69 (sa taille) à 1m52 (la taille de Lautrec).

Lorsqu'un cinéaste présente un récit biographique ou une page d'histoire, on lui pose toujours la même question : "Ce que j'ai vu sur l'écran, est-ce historique ? Je n'aimerai pas être blousé".
Planchon avoue : "J'ai tenté d'être "historique". Et tous ceux qui travaillèrent à la réalisation de ce "Lautrec" ont bravement oeuvré dans ce sens. Mais il fallait bâtir un récit de deux heures. Comment, par exemple, raconter en deux heures que la grande famille des Toulouse-Lautrec vivait dans plusieurs châteaux et passait de l'un à l'autre au cours de l'été ? Dans le film, il n'y en a qu'un seul. Adolescent, Lautrec subit des traitements médicaux divers et prolongés. Dans le film, une seule séquence l'évoque. La construction d'une fiction exige qu'une image en résume d'autres. Pour les mouvements intérieurs des personnages principaux, même démarche. Il a fallu, par un trait, par une réplique, rendre compte de cinq ou six anecdotes racontées par ceux qui ont connu et entouré le "prince d'Albi". C'est une nécessité. Mais est-ce un malheur ? "

Parcours d'un artiste (1864-1901)
Né dans une famille royaliste et légitimiste appartenant à la plus ancienne noblesse provinciale, Henri a été très tôt éveillé par ses proches à la pratique du dessin et au goût pour l'art.
Son père, Alphonse de Toulouse-Lautrec, et sa mère, Adèle Tapié de Céleyran, décident dès 1872 de venir s'installer à Paris afin de permettre à leur fils de mener une bonne scolarité ; Henri peut ainsi rencontrer un ami de son père, le peintre animalier René Princeteau (1843-1914), qui lui donne ses premiers conseils.
Il avait fait preuve, très tôt, d'un habile coup de crayon ; le dessin, l'aquarelle deviennent pour lui des palliatifs, auxquels ses proches l'encouragent. Et lorsque, après avoir obtenu son baccalauréat, il demande à pouvoir perfectionner sa pratique, ses parents acceptent volontiers ce qu'ils considèrent comme une occupation de dilettante.
Ces années d'apprentissage et d'initiation sont en outre marquées par le quartier que Lautrec découvre : Montmartre. Si les ateliers de Bonnat et de Cormon y sont situés, la Butte est également investie par une population interlope et pittoresque où se cotoient ouvriers, voyous, pierreuses et souteneurs, ou artistes attirés par des loyers peu élevés ; le petit peuple de Paris vient s'y distraire dans des bals populaires, dont le Moulin de la Galette, célébré par Renoir (1841-1919) dès 1876.
C'est de plus en plus parmi les scènes de la Butte que Lautrec puise ses sujets : la flamboyante Rosa la Rouge, des femmes du peuple comme la rousse Carmen Gaudin, jeune ouvrière douce et timide dont la chevelure l'a séduit, les chahuteuses de Montmartre, les bals populaires, vont ainsi l'accaparer dans les années qui suivent.
Comme un cinéaste, le peintre semble tourner autour des personnages qui le fascinent, synthétisant la ressemblance, la localisant à certains traits significatifs, et se laissant ainsi la liberté de modifier tout le reste à son gré, voire de le déformer.
Ainsi Federico Fellini peut-il lui rendre hommage en ces termes : "J'ai toujours eu le sentiment que Toulouse-Lautrec était mon frère et mon ami, peut-être parce qu'il a deviné, avant l'invention des Frères Lumière, les cadrages et les schématisations du cinéma. Sans doute aussi à cause de l'attirance qu'il a éprouvée pour les êtres déshérités ou méprisés, pour ceux que les gens comme il faut appellent vicieux. Il est bien difficile de savoir qui vous a inspiré tout au long de votre carrière, mais je sais bien que je n'ai jamais regardé avec indifférence un tableau, une affiche ou une lithographie de Lautrec et que son souvenir ne m'a guère quitté".
 
vincy
 
 
 
 

haut