Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


Gemini  

Production : ERT, Attica Arts Productions, Bac Films, ZDF/Arte, Canal +, Rai, Instituto Luce, Networ, Movie Reinhold Elschot
Distribution : Bac Films
Réalisation : Theo Angelopoulos
Scénario : Theo Angelopoulos
Montage : Giorgos Triantafyllou
Photo : Andreas Sinanos
Décors : Giorgos Patsas et Costas Dimitriadis
Son : Marinos Anthanassopoulos
Musique : Eleni Karaindrou
Durée : 170 mn
 

Alexandra Aidini : Eleni
Nikos Poursadinis : Alexis
Giorgos Armenis : Nikos
Vasilis Kolovos : Spyros
Eva Kotamanidou : Cassandre
 

 
 
Eleni - La terre qui pleure


Grèce / 2004

14.07.04
 

Odyssée grecque :





Conforté par la Palme d’or obtenue à Cannes en 1998 avec l’Eternité et un jour (sans oublier la sélection aux Oscars), Theo Angelopoulos entreprend dès la clôture du festival, son projet cinématographique sans doute le plus ambitieux : témoigner de la vie des réfugiés grecs à travers le 19ème siècle en s’inspirant très librement du cycle thébain : Œdipe, Les sept contre Thèbes et Antigone. Persuadé qu’un seul et unique épisode de quatre heures suffit (Trilogie), Angelopoulos opte finalement (bien aidé en cela par ses producteurs) pour trois volets autonomes : Eleni, La troisième aile et Retour. Pour satisfaire aux exigences visuelles d’un tel pari, l’équipe technique traverse la presque totalité de l’Asie Mineure, de l’Ukraine à l’Ouzbékistan avant de s’installer à… Thessalonique en Grèce. C’est près du lac Kerkini qu’a été construit le village puis le camp de réfugiés. Aucun des édifices apparaissant dans Eleni n’existait auparavant.

Anecdote grecque :

Le scénario original ne mentionnait aucunement l’existence d’un amphithéâtre. Celui figurant dans le film est seulement dû à une erreur de construction plutôt bienvenue. Les scènes d’inondation du village sont bien réelles. L’équipe du film a véritablement assisté à la montée des eaux et Angelopoulos a pu tourner la scène de la destruction par le feu quelques heures à peine avant que le village ne soit à jamais englouti.

Histoire grecque :

Dominés jusque-là par les Ottomans, les Grecs acquièrent dès 1830 leur indépendance. Subjuguée par la montée des nationalismes dans les Balkans, la Grèce adhère en 1912 à l’entente balkanique composée de la Serbie, la Bulgarie et le Monténégro, avant de déclarer la guerre à la Turquie. Après la seconde guerre balkanique – cette fois au dépens de la Bulgarie –, la Grèce double son territoire et sa population grâce au rattachement de la Macédoine en 1913.

Lorsque l’Europe s’embrase en 1914, la Grèce choisit de rester neutre. Une neutralité rendue caduque par les dissensions politiques nationales. Le souverain Constantin Ier, favorable à l’Allemagne, s’oppose très vite à son premier ministre, Venizélos, favorable lui aux alliés. Révoqué en 1916, ce dernier fonde à Thessalonique un gouvernement insurrectionnel. Après l’abdication du roi, la Grèce entre de plein pied dans la Première Guerre mondiale. En contrepartie de son engagement, elle se voit attribuer la Thrace, Smyrne et de nombreuses îles égéennes.

Ce nouveau partage accentue plus encore les tensions avec la Turquie. Une énième guerre oppose les deux pays rivaux et conduit à une défaite de la Grèce en 1922. Commence alors la "Grande catastrophe" (le début d’Eleni) poussant 2 millions de Grecs à quitter l’Asie Mineure, en échange des minorités turques de Grèce. Héroïques durant la Seconde Guerre mondiale, les Grecs résistent à la fois aux Italiens puis aux Allemands avant d’être libérés en 1944 par les Britanniques. La Grèce n’est pourtant pas au bout de ses peines. De 1946 à 1949 une terrible guerre civile oppose résistants et royalistes. Ces derniers, soutenus par le Royaume-Uni et les USA, l’emportent en 1949. S'en suit alors une effroyable chasse aux communistes qui contraint de nombreux résistants à s’exiler vers la Pologne et la Russie.
 
jean-françois
 
 
 
 

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