Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  

Production : HanWay films, Olsen Levy, ScreenWest, AFC, Rumbalara Films Australia, Siwtime Australia, SAFC
Distribution : Bac films
Réalisation : Phillip Noyce
Scénario : Christine Olsen, d'après le livre de Doris Pilkington
Montage : Veronika Jenet, John Scott
Photo : Christopher Doyle
Musique : Peter Gabriel
Costumes : Roger Ford
Directeur artistique : Laurie Faen
Durée : 94 mn
 

Everlyn Sampi : Molly Craig
Tianna Sansbury : Daisy
Laura Monaghan : Gracie
David Gulpilil : Moodoo
Ningali Lawford : Maud, la mère
Myarn Lawford : la grand-mère
Jason Clarke : Consatble Riggs
Kenneth Branagh : A.O. Neveille, Mr. Devil
 

site officiel
 
 
Rabbit-Proof Fence (Le chemin de la liberté)


Australie / 2002

23.04.03
 

1) A STRAIGHT STORY




Aussi effrayante soit-elle, cette histoire est vraie. D'ailleurs les deux soeurs sont encore vivantes : deux vieilles mamies pas trop édentées, mais toujours debout. Si aujourd'hui l'Australie, dont le chef d'état est la Reine d'Angleterre, a fait acte de réconciliation avec les peuples Aborigènes, l'histoire commune entre les colonisateurs et ces "indigènes" n'a pas été tranquille. Sur le site de l'Ambassade d'Australie, on peut lire : "Lors de l'arrivée des colons européens en 1788, on estime qu'il y avait quelque 300.000 Aborigènes et Insulaires du Détroit de Torres en Australie. Ce chiffre a singulièrement diminué pendant le XIXe siècle et au début du XXe siècle sous l'effet de nouvelles maladies, de l'expropriation et des bouleversements et de la désintégration de leur culture." Doux euphémismes. Ils sont seulement 100 000 en 1971, date de premier recensement officiel. Ils sont aujourd'hui 400 000 environ. Paradoxalement, on trouve peu d'informations sur la politique gouvernementale antérieures à 1967, année où les Aborigènes ont enfin pu s'intégrer au peuple australien, à égalité de droits, en tant que citoyens.
La "Génération volée" est le titre d'un rapport datant de 1997; il reconnaît que de 1885 à 1997, 30 à 50% des enfants aborigènes (soit 70 000 à 100 000 gamins!) ont été enlevés à leurs mères.
Le fléau qui a donné le titre du film se nomme le lapin. En 1859, Thomas Austin introduit sur l'île-continent 12 spécimens pour la chasse. En 1940, à l'époque de l'histoire de Molly, ils sont un milliard. Il faudra introduire volontairement la myxomatose pour en tuer 100 millions en 2 ans. Il y en a environ 300 millions aujourd'hui.

2) ADAPTATION
Doris Pilkington écrit un livre sur cette Génération Volée, "Follow the Rabbit-Proof Fence" (Suivre la clôture anti-lapins). 2000 kilomètres à travers l'Outback australien. Doris est la fille de Molly, l'héroïne du livre et du film. Christine Olsen lit le livre, rencontre Doris Pilkington et obtient son autorisation de le scénariser pour le cinéma. 5 ans de recherches et d'écriture ont suivi. C'est une visite sur les lieux qui détermina le ton. "Jigalong était un dépôt situé le long de la clôture anti-lapins. Pour moi la clôture est emblématique de l'esprit colonial de l'époque. Les Britanniques cherchaient à contrôler le pays, à l'enfermer, à le mater. Ils ont tracé une frontière pour se protéger des lapins - une calamité qu'ils ont eux-mêmes introduite."
Olsen, totalement impliquée dans ce projet, espère avoir Philip Noyce comme réalisateur. En 77, il avait réalisé Backroads, un film d'une heure sur un Aborigène et un blanc, traitant des relations interraciales en Australie. Rare réalisateur très connu, donc, à avoir du respect une connaissance pour les Aborigènes. Noyce n'avait cependant pas tourné dans son pays depuis Dead Calm (Calme blanc) qui révéla au grand public Sam Neill et Nicole Kidman, en 87. Depuis, il a réalisé plusieurs hits parmi lesquels deux Jack Ryan avec Harrison Ford, quelques thrillers un peu mous et The Quiet American, qui valu une nomination à l'Oscar du meilleur acteur pour Michael Caine en 2003.
Le plus difficile fut évidemment le casting des trois filles. La plus jeune devait être Caitlyn Lawford. Se désistant au dernier moment, elle fut remplacée par Tianna Sansbury. Novices, elles ne furent pas facile à gérer. D'autant qu'Everlyn Sampi a fugué deux fois durant la production, pour retourner chez elle.
Le film coûta seulement 4 millions de $ (et sera rentabilisé juste en comptant sur son exploitation américaine). Noyce tourna sur les lieux même, en plein Désert de Gibson, entre septembre et novembre 2000 (pour une sortie début 2002 en Australie).
Il engagea Christopher Doyle pour faire l'image de son film. Le célèbre chef opérateur d'Hong Kong - mais né en Australie ! - a travaillé avec Kar-Wai (tous ses films depuis Chungking express), Chen Kaige (Temptress Moon), Gus Van Sant (Psycho), Barry Levinson (Liberty Heights), Zhang Yimou (Hero)...
La musique a été composé par l'ancien fondateur du groupe Genesis et créateur du label world music Real World, le chanteur et compositeur Peter Gabriel. On lui doit les musiques sublimes de The Last Temptation of Christ, Strange Days, Birdy... Pour ce film, il s'est inspiré des musiques Arborigènes.

3) HOLLYWOOD ENDING
Petit film mais grande reconnaissance. Sélectionné dans les plus grands festivals (Rotterdam, Tokyo, Chicago, Toronto, Mar del Plata), le film a reçu son lot de récompenses. 3 Oscars australiens de l'Australian Film Insititute (meilleur film, meilleure musique, meilleur son), parmi 10 nominations (dont scénario, photo, montage...). Le plus beau des prix est sans doute le Prix du Public du Festival International du Film d'Edinbourgh. Rabbit-Proof Fence succède ainsi à The Full Monty, Buena Vista Social Club, Billy Elliot, Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain!
Miramax ne s'était pas trompé en achetant le film au Marché à Cannes l'an dernier. D'autant que le studio allait distribuer l'autre film de Noyce en fin d'année, The Quiet American.
L'avant-première mondiale eut lieu à Jigalong même, en présence de la communauté Aborigène. Noyce envisage même de faire la suite dans quelques années, en utilisant les mêmes actrices, adaptée de l'autre livre de Doris Pilkington, "Under the Windamarra Tree". Car - sans vous dévoiler la fin - il y eut une suite à cette histoire...
Pendant ce temps, le Premier Ministre austalien John Howard refuse de s'excuser pour les politiques d'assimilation des anciens gouvernements. On peut considérer que cette "faiblesse" est l'aveu de perdants : après tous les Aborigènes sont toujours là, plus nombreux : leur culture parvient même à se propager à travers le monde, grâce à des valeurs environnementales en vogue.
 
vincy
 
 
 
 

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