Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


TFM  

Production : Basic Pictures, Andrew Lau
Distribution : TFM
Réalisation : Andrew Lau, Alan Mak
Scénario : Alan Mak, Felix Chong
Montage : Ching Hei Pang, Danny Pang
Photo : Andrew Lau, Lai Yiu Fai
Décors : Choo Sung Pong, Wong Ching Ching
Musique : Chan Kwong Wing
Directeur artistique : Christopher Doyle
Durée : 97 mn
 

Tony Leung : Yan
Andy Lau : Ming
Anthony Wong : Wong
Eric Tsan : Sam
Sammi Chen : Mary
Elva Hsiao : May
 

Site officiel
 
 
Wu Jian Dao (Infernal Affairs)


/ 2002

01.09.04
 

Andrew Lau appartient à cette génération de techniciens qui ont fait leur classe auprès des chantres de la Nouvelle Vague hongkongaise, avec John Woo en tête de file, qui ont saisi l’opportunité de passer à la réalisation à l’heure de la grande migration des « pères » pour les miroirs d’Hollywood. Né à HK le 4 avril 1960, Lau (Lau Wei Kong, de son vrai nom) se passionne pour la photographie avant de rejoindre la fameuse Shaw Brothers dès la fin de ses études où il se voit offrir une participation au tournage de Weapons of China (1982) du grand Liu Chia Liang (La 36e Chambre de Chaolin). Il devient rapidement assistant opérateur puis directeur de la photographie pour notamment Tsuï Hark (Il était une fois en Chine 3) ou Ringo Lam (City of Fire), mais c’est auprès de Christopher Doyle, chef opérateur attitré de Wong Kar Waï (mais aussi de Claire Denis pour Noir et Blanc ou Gus Van Sant pour Psycho) qu’il obtient la renommée, expérimentant sur As Tears Go By et Chunking Express de nouvelles perspectives d’éclairage. 1990 marque sa première réalisation avec déjà un film de Triades nommé Against All puis il fonde en 1995 sa propre compagnie de production, Bob and Partners, pour mettre aussitôt en chantier la série très populaire des Young and Dangerous dont il signe plusieurs épisodes. Stormiders en 1998 puis A Man called Hero l’année suivante, les deux films les plus chers jamais produits par Hongkong, lui valent deux succès retentissants, mais déchaînent les foudres des puristes qui condamnent cette récupération des codes mis en place par les films d’art martiaux par un fantastique de pacotille, à grands renforts d’effets spéciaux néanmoins coûteux et flamboyants. C’est alors qu’en 2002 Alan Mak, comédien, scénariste mais aussi réalisateur, lui amène le projet Infernal Affairs. Il faut dès lors faire ici un bref état des lieux sur la situation de la production HK en ce début de siècle pour mesurer l’impact d’Infernal Affairs et les circonstances de sa mise en oeuvre. La rétrocession de 1997, l’immigration, voire la « vandamnisation» des talents, le piratage et la crise économique que traverse l’industrie cinématographique locale ont dévasté les ambitions. L’heure de gloire qui voyait un public étranger découvrir et vénérer John Woo, Ringo Lam, Tsuï Kark, Ronny Yu ou Kirk Wong a perdu sa pendule et profite dorénavant, avec plus d’honneur encore, au renouveau du cinéma taiwanais et coréen qui a su prendre la relève du cinéma de genre pour le porter à leur tour au rang d’art. La production locale alterne les romances bluettes et des comédies qui feraient passer Max Pecas pour Ingmar Bergman et le public préfère descendre dans la rue acheter un VCD du dernier blockbuster américain pour 5 de nos euros plutôt que d’attendre un mois pour le voir en salle en payant le double.. La gageure est donc importante quand Andrew Lau et Alan Mak décident de redorer l’aura d’un cinéma en perdition, qui plus est en revisitant ce qui a fait sa réputation en occident via les films de John Woo : le polar à la Melville. Contre toute attente et tradition, Infernal Affairs bénéficiera d’un scénario terminé, d’un découpage, d’un plan de travail, d’un budget confortable, d’une organisation de tournage, bref de tout ce qu’on attend normalement de ce genre d’entreprise. Sauf à Hongkong où, même à la glorieuse époque, un film se tournait généralement avec une idée maîtresse, un fil conducteur en guise de scénario, les scènes de rues, même de gunfights, étant filmées à la sauvette au milieu des passants (en raison de l’étroitesse de la ville et la densité de sa circulation, les autorités refusent systématiquement toute autorisation de tournage) ; où il n’était pas rare aux techniciens et aux comédiens de faire les trois huit pour boucler un long-métrage en deux semaines. Un confort dont seul bénéficiait jusqu’alors Wong Kar Waï (et encore, le scénario en tant que tel n’existe pas non plus chez lui, puisqu’il préfère filmer toutes les possibilités dramatiques de chaque séquence pour en sélectionner une au montage !)… mais grâce à des fonds étrangers. S’alliant un casting de stars nationales telles Andy Lau, Antony Wong et Tony Leung (qui reprend son rôle de taupe d’A toute épreuve de John Woo, déjà avec Anthony Wong) et de la collaboration, cette fois en tant que conseiller visuel, de Christopher Doyle, le produit final réunit donc tout les atouts pour devenir le fer de lance du renouveau du cinéma hongkongais, décrochant aussitôt 7 récompenses sur 16 nominations aux 22ème Hongkong Awards, (équivalent de nos Césars). Le public lui fait un triomphe (récoltant 5,6 millions de $, soit 2 de plus qu’Harry Potter et la chambre des secrets sur le territoire), Andy Lau chante le thème du film (If one day et entre dans les charts, et en 2003, une suite et un prologue voient le jour avec la même équipe aux commandes pour constituer une trilogie dont on soupçonne qu’elle souhaite s’aligner sur celle du Parrain.




Il n’en fallait pas plus pour qu’Hollywood ouvre grand ses oreilles et songe à un remake. C’est désormais chose faite avec (ouf !), Martin Scorcese aux commandes : The Departed réunira Matt Damon et Leonardo di Caprio dans les rôles respectifs de Tony Leung et Andy Lau. Le temps nous dira si Infernal Affairs est le terreau tant attendu du verger cinématographique hongkongais, ou juste un bel arbre qui cache tant bien que mal sa forêt dévastée.
 
arnaud
 
 
 
 

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