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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Willard
USA / 2003
17.09.03
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RAT NOIR, RAT BLANC
"Walt, c’est Mickey, je viens te rejoindre …"
Il y a un sentiment de déception qui perdure durant l’ensemble de la projection de ce remake d’un classique – oublié – du cinéma du bizarre. Certes on retrouvera les principaux protagonistes et le cadre de l’original, mais force est de constater que la réactualisation des démêlées zoophiles de Willard peine à captiver. C’est un peu l’éternel syndrome de la redite. Les intentions ne sont plus les mêmes, l’hommage se fait sentir à grand coup de clins d’œil entendus et l’exercice perd du coup une bonne dose de fraîcheur et d’innocence. Les initiateurs de la resucée s’appliqueront en tout cas à marquer les mémoires par diverses démonstrations de savoir-faire. Les choix artistiques louchant vers une tendance gothique burtonienne de bon ton, à commencer par une ouverture sur un générique graphique assez remarquable, frisent l’irréprochable. La bâtisse Nouvelle Angleterre aux papiers peints moisis représente le nid fertile idéal pour une portée de rongeurs. Elle sert aussi accessoirement de foyer pour une famille sclérosée, une mère sénile et son fils traumatisé, qui ne renierait pas une filiation avec la paire du Psycho d’Hitchcock. L’interprétation du coincé hautement perturbé ne supporte aucune contestation. Crispin Glover endosse le rôle avec un naturel évident, il a déjà fait ses preuves dans ce registre. Idem sa bête noire, personnifiée par le sadique et peu scrupuleux Mr Martin échoit à un irascible de choix puisque joué par l’intraitable R. Lee Ermey ("Sir yes sir", le Sergent instructeur Hartman de Full Metal Jacket, c’était déjà lui). Casting idéal donc, complété par une muse de Lynch, Laura Elena Harring, exploitée dans le film essentiellement pour sa beauté et sa douceur, qui ne suffiront cependant pas à éloigner Willard de ses préoccupations animalières. Malheureusement équipé de ces forts beaux atouts, Glen Morgan ne parvient pas à développer un récit efficace. Malgré sa singularité, Willard est un personnage très effacé dont la passivité première n’engage qu’à peu d’adhésion. Sur cette base, le film pêche ensuite particulièrement lorsqu’il s’attaque aux relations entre l’infortuné héros et ses compagnons moustachus et loupe sa destination de fable ambitieuse vers laquelle il était pourtant censé s’engager. Mixant répulsion et attachement profond (particulièrement pour l’albinos Socrate, ça frôlerait presque la discrimination) l’évolution des relations du dresseur et de ses quadrupèdes parait fréquemment confuse et n’autorise pas une limpidité dans les antagonismes propre à donner envie de prendre parti pour l’un ou pour l’autre. La masse mouvante se plie sans grand discernement aux volontés vengeresses de l’humain ou à la jalousie de l’énorme Ben, gras comme un castor, supposé chef des rongeurs. Les exploits des bestioles restent souvent basiques dans leur mise en place et surtout manquent de justifications dans leur assemblage (scène peu utile du chat). La troupe de mammifères aurait certainement mérité un traitement plus approfondi dans la complexité de ses mœurs (comme c’était le cas dans l’original) pour générer une palette de tensions crédibles ou du moins éveiller un réel intérêt dépassant sa présence démultipliée. Car le rat ne conserve finalement qu’un statut mineur dans cette nouvelle version de Willard, proche du faire valoir. La preuve accablante en sera la réécriture radicale du final qui laisse place à une suite au service de l’homme, mais certainement pas à celui de l’animal rancunier…
Il ne sera pas inopportun pour boucler l’analyse de confronter Willard à l’encore récent Joe’s apartment de John Payson. Ce dernier, dans une veine bien plus hilarante, utilisait la vermine domestique (une troupe de cafards) comme révélateur permettant à un jeune garçon peu dégourdi de faire sa place dans une société américaine arriviste et cupide. Bien qu’indéniablement maladroite, cette oeuvrette fantaisiste tirait parfaitement profit des ses irrespectueux et encombrants sous locataires pour sublimer son côté socio revendicatif. Willard lui reste trop paresseux pour envisager cette prétention et ne se bornera qu’à se décliner en tant que film d’épouvante un peu mou du genou. petsss
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