Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Collateral


USA / 2004

29.09.04
 



ASPHALT JUNGLE





"- Va pour les routes secondaires."

Michael Mann n'aime pas les autoroutes. D'ailleurs il les quitte très vite pour des ruelles sordides, des rues vides ou des carrefours dangereux. Cela lui semble plus intéressant. Il n' a pas tort. Ses films, malgré leur allure hollywoodienne, respecte encore une certaine noirceur, sans trop d'effets. Pourtant Collateral est justement victime de ses effets, secondaires, qui entraînent quelques dommages, collatéraux. Le look. Il n'a pas pu s'empêcher de saturer en néons et couleurs flashys, en beaux costards et coiffures crantées, ce scénario qui fait revivre ses séries très eighties, de "Vega$" (à Las Vegaaaas!!!) et "Miami Vice" (les yachts, les bimbos et Don Johnson). Et la principale victime de cette direction artistique s'appelle Tom Cruise. Dès la première image, sa crinière argentée, sa mâchoire serrée, et ses lunettes noires le rendent bizarrement peu crédible en killer. Trop fabriqué, son personnage - qui garde ses lunettes de soleil dans un parking de peur qu'on ne comprenne pas qu'il joue un méchant - semble exister pour justifier le talent polymorphe de Cruise. C'est raté. Tout est trop étudié, stylisé (rien que le geste de sortir 6 billets de 100 a du solliciter un coach) qui le rend trop distant et presque robotisé. James Foxx lui vole allègrement la vedette, et presque sans effort, grâce à son humanité. Jusqu'à "l'imiter" dans une séquence où Cruise disparaît et ne pourra d'ailleurs jamais reprendre le dessus.Cruel.

Dans cet hymne au bitume et au béton, c'est le "taxi driver" qui joue la star. En deux duels, il installe la richesse de son personnage : avec Jada Pinkett Smith (enfin souriante, charmeuse, chaleureuse) et Javier Bardem (très olé!). Le héros de ce film est un prolo rêveur, timide, complexé, bref un américain loin de l'arrogance et des certitudes du tueur à gages, bardé de philosophie de bistrot. Il n'y a rien d'innocent au fait que Cruise soit souvent flou, en arrière plan. Après tout son jeu minimaliste se contente parfaitement de ce dénigrement à l'image. La mise en scène est bien étudiée, géométrique, dans le prolongement des ces rues horizontales ou en plongeant de ces vues verticales. Dans cette ville "déconnectée", "trop étendue", si peuplée, si cosmopolite, Michael Mann aime se perdre (d'ailleurs il y a quelques incohérences géographiques), comme on se perd dans un réseau. Finalement ces discussions et ces rencontres ne sont riend 'autres qu'un chat en réel, avec jeux de rôles pas drôles. Il y a d'ailleurs quelque chose d'intéressant dans ces entrevues improbables, dans ces croisements de destinées, loin d'une quelconque fatalité. Dans ce western urbain, pas très loin de Heat, Mann en profite pour filmer une Amérique nocturne et cachée : des hôpitaux aux clubs de jazz désertés (c'est dommage que le jazz ne soit pas la BOF de ce film à la musique insupportable). Le film donne ainsi un vrai cachet à un scénario bancal (rempli d'invraisemblances). On n'évite pas quelques clichés : le FBI est évidemment ridiculisé, Tom Cruise a pu rentabiliser ses entraînements sportifs du Dernier Samouraï, un téléphone portable ne passe pas en plein centre de la deuxième métropole des Etats Unis... Et j'en passe!

Heureusement, l'action créée et l'intensité ressuscitée pas le cinéaste font de Collateral un bon polar, peu convenu et divertissant. Qui voit finalement l'avènement du métro comme avenir de l'urbain. Heureusement que la cité des Anges s'est doté de rails. Il semble que ses rues soient moins sûres...
 
vincy

 
 
 
 

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