|
|
|
DROLE DE DRAME
"- J'ai fait des macaronis!"
How it's going to end ?
Cynisme absolu, Hollywood produit des films faisant l'éloge du libre-arbitre (The Devil's advocate) face au conditionnement jumain que cette Mecque de l'entertainement se plait à imposer.
En voyant The Truman Show, 2 réactions surviennent: détruire sa télé et observer les gens. Nous vivons dans un monde irréel, où les images priment et détournent notre réflexion, où l'image seule compte au point de nous créer un environnement factice et superficiel. Sans essence. Sans aucun sens.
Avec le temps, TTS pourrait donc devenir une oeuvre phare du cinéma. Un film qui puise ses références chez Billy Wilder - la société de consommation - comme chez Frank Capra - un homme piégé dans un système.
Peter Weir, un cinéaste largement sous-estimé, avait déjà su nous séduire avec des sujets aussi difficiles que la guerre, les amishs, la poésie...A chaque fois, l'Australien nous touche : en pointant sa caméra sur les personnages, avec un souci du détail exacerbé (un pieds sortant de la douche dans Fearless, un gros plan sur l'oeil de Truman), il donne du corps a ces vies fictives auxquelles on doit croire.
Et le réalisateur n'hésite pas à utiliser tous les langages pour exprimer ses idées : la musique de Powaqqatsi qui illustre les troubles et la panique de Truman, ou encore la force des symboles - des garçons qui grimpent sur une table, des allergies aux fraises, l'escalier pour Truman.
Evidemment, sans un scénario très bien maîtrisé, le film n'aurait pas l'impact voulu. Mais Peter Weir, outre sa sensibilité, sait où il nous emmène dès le début et jusqu'à la fin. Le spectateur est aussi manipulé que les fans de l'émission.
En critiquant innocemment - et donc violemment - la société dans laquelle nous vivons (marketing, job, pauvreté, médias, relations politically correct, l'hypocrisie...), en nous montrant à quel point l'habitude, le confort, le matérialisme et l'ignorance sont aliénants pour l'Homme, Weir, subtilement, défait toutes les valeurs du monde occidental. Une spirale fatale.
Intelligent dès le début (avec le générique de l'émission, et non pas celui du film), TTS démarre sur le ton faussé de la comédie, naïve comme un sitcom édulcoré et niais. Cela finit en vraie tragédie humaine, allégorique, Shakespearienne, où dieu n'a plus d'emprise sur ses créations.
Parce que, dès le départ, Weir assume son décor en le caricaturant, en le maniérant, en le ridiculisant. A l'instar de son personnage principal: un Jim Carrey chevalin et élastique, le rire forcé, qui devient héros malgré lui, dans un registre plus posé, plus dramatique. Sans être exceptionnelle, sa performance colle bien au rôle, et reste pour une fois, supportable. Le reste du casting joue le jeu. Avec un Ed Harris dominant et dominateur.
Cette mise en scène imaginative sert toujours le but final du film, démontant un à un les rouages de cette machination infernale contre un pauvre gosse vivant virtuellement.
Beau regard sur notre vie, notre avenir. Si parfois l'émotion est volontairement pré-fabriquée, jamais cela ne nuie au message de TTS.
Alors, comment cela-va-t-il finir ? Peu importe. L'essentiel est de savoir comment ce film va-t-il changer votre façon de voir le monde et ses supercheries. Truman, en ce sens, déforme bien plus votre regard que Forrest. Vincy
|
|