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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Anything else (La vie et tout le reste)
USA / 2003
29.10.03
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FOLLE AMANDA
"- J’ai eu le béguin pour toi dès que je t’ai vu. ça ne se voyait pas à ma façon de t’ignorer ? !"
Woody Allen a-t-il encore quelque chose à dire ? Rien de plus que d’habitude. Il parle de la vie (la sienne ?) et de tout le reste. Cela fait longtemps qu’il a fait le tour. Il décline ses thèmes sans trop décliner lui-même. Woody Allen a depuis longtemps abandonné ses ambitions esthétiques de cinéastes. Depuis quelques années, il étale ses histoires d’A qui tournent mal, hommages aux comédies populaires un peu légères. Il explore les recoins de l’industrie du spectacle, passant du théâtre au cinéma en faisant escale dans les ventes aux enchères. Anything else ne fera exception à rien de tout cela, si ce n’est ce retour au format cinématographique de Manhattan, son plus beau film.
Pourtant Allen parvient encore à faire rire, à nous intéresser aux déboires de ses êtres maladroits dans leur bonheur éphémère, à rester inventif dans le croquis des personnages qu’il imagine. Il a surtout, enfin, trouvé une sorte de double, en la personne de Jason Biggs. L’éternel puceau d’American Pie devient ici le reflet rajeunissant et nouvelle génération d’un Woody Allen non pas en quête d’héritier mais plutôt à la recherche de sa nouvelle star. Biggs concentre toutes les névroses de son mentor. Ni beau ni laid, ni sûr de lui ni complètement loufoque, il peut jouer l’amant sage comme l’écrivain angoissé, le paranoïaque comme le paniqué. Au point de laisser à Allen le rôle du détraqué prêt à donner les coups.
Le film se divise ainsi en deux parties. La vie avec sa chérie, impeccable Christina Ricci, adorable chieuse égoïste et douce folledingue compliquée, résumant à elle seule 90% de la gente féminine "allenienne", et la vie avec son collègue, incarné par le vieillissant Woody Allen, qui finalement décide de passer le relais, et ne se fait aucune illusion : New York n’est plus qu’une ville pour cinéphiles nostalgiques. Le pouvoir est à Los Angeles.
Résistant, toujours, Allen, continue, malgré le dédain du public Américain, à écrire ses blagues. Métier honorable. Il le fait dire lui-même dans son film. Il continue d’aimer les bancs publics et la drague dans le Village, les bavardages philosophiques et les petites vérités immortelles. Tout semble absurdement vrai. La décadence des uns fait le comique des autres. En bon artisan, Allen, mieux inspiré que dans ses récents scripts, cultive la mauvaise foi, les paradoxes et la surprise. Voir Allen en homme violent, fou et furieux à la fois, est un régal. Il laisse aux seconds rôles la place nécessaire pour installer leur caricature excessive de mère dépravée ou d’agent pitoyable. Il connaît l’impact de ses répliques, qui continuent de puncher : "d’une humeur satirique, j’ai voulu lui tirer une balle dans le cul." Pan.
Une véritable leçon d’écriture. Même si c’est un Woody mineur, comparé à sa grande époque des années 70. Il se permet de sa parodier lui-même, continuant à nous faire errer dans New York. Il n’a donc plus rien à dire, mais il veut juste nous faire rire de nos petits (mélo)drames. De tout le reste et de rien d’autre. vincy
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