Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Arsène Lupin


France / 2004

13.10.04
 



CARTIER BESSON





"- Alors docteur, c'est grave?
- La jeune fille est mariée?
- Non, pourquoi?
- Alors, c'est grave.
"

Arsène Lupin, plus tard, sera à inscrire dans un genre particulier du cinéma français, aux côtés de Vidocq et Belphégor. Ces romans, déjà formatés pour la TV, dans une France entre deux siècles, entre deux genres (le policier et le romantique). Ici, il ne faut pas chercher la vérité historique - les méthodes de combat sont anachroniques - ni même de dimension psychologique - c'est au mieux ludique.
Dans un mélange entre Besson et Pitof, où la surcharge de numérique anesthésie toute émotion au profit d'un esthétisme calibré pour un public déjà formaté, Arsène Lupin modernise le mythe pour en faire un gentleman cambrioleur qui n'a aucun équivalent dans notre époque. Pas assez pauvre pour concourir au Prix Robin des Bois, pas assez généreux pour solliciter la médaille Abbé Pierre.
Le film de Jean-Pierre Salomé - qui revient au Louvre, 3 ans après son histoire de fantôme - n'arrive surtout pas à surmonter ses deux obstacles majeurs qui clouent le film au sol. Première falaise d'où l'on tombe à pic : le scénario. Trop de rebondissements, de retournements de situations étirent une histoire abracadabrantesque aux dialogues d'époque (donc désuets). On devine par avance les astuces qui auraient du nous surprendre. Les relations humaines sont traités comme dans un roman à l'eau de rose ("je sais qu'avec toi je serai violente, exclusive."). L'intrigue est indigne de l'affaire du Collier de la Reine.
Au second degré tout cela peut amener des sourires. Mais des scènes (évitables) à la manière des Rivières Pourpres ou du Pacte des Loups nous renvoie un aspect dramatique mal venu : "entre toi et moi, il y en a un de trop". Gasp. on tremble! "Fouette cocher!" comme ils disaient à l'époque. Ils ont sûrement perdu le fouet...
Car, pour que la peur nous terrasse, il nous faut un héros pour qui vibrer. Romain Duris est-il de ceux là? Certes il mériterait sans doute un titre aux Olympiades de 1896 (à Athènes) car, ma foi, il court très bien, et comme à l'époque. Hélas, Duris, qu'on aime si bien par ailleurs, n'a pas les épaules assez large ou la gueule de l'emploi, pour le rôle. Ce gentilhomme faillible sait fumer le cigare et son jeu n'est pas en cause. C'est juste physique. Cela transparaît tout le temps. Et tandis que chacun des comédiens joue sa partition tel qu'attendu, Greggory frôlant la caricature, Kristin Scott-Thomas ne s'en sort pas si mal dans ce personnage de femme fatale. Mais la vraie lumière provient d'Eva Green, qui allume quelques étincelles, pour le bonheur du spectateur. Puisqu'on se fout de l'histoire (à dormir debout) et que la démonstration cinématographique conduit à qualifier le film de série B à effets spéciaux, que reste-t'il? Des méchants qui meurent dans d'atroces souffrances? Un peu d'action une dose de morale un zeste de traîtrise? rassurez vous, le gentil est en blanc (cassé) et le méchant en noir (idéal pour son futur enterrement).
Cette histoire de cleptomanes faisant un concours de celui qui vole le mieux démontre qu'il faut se méfier des personnes qui manquent d'affection quand ils sont petits. Le tout sonne faux (nous hésitons à porter la faute sur les comédiens ou les dialogues) et anticipe ce que pourrait devenir le Code Da Vinci sous la caméra de Ron Howard.
C'est kitsch, entre mysticisme et aventurier. Mais au moins, la production aurait pu veiller à mettre en relief le personnage de Lupin, pour esquisser une franchise. On ne saura ainsi jamais comment il acquiert ses connaissances en prothèses, comment il forme son gang... Le script est troué de partout et nous devons faire avec. Ce n'est pas incohérent, c'est juste inconsistant. La musique, assourdissante, ne fait que souligner les passages à vide.
Il reste à mentionner la séquence de l'attentat Place de l'Opéra, gore et bien dramatique, intense et tragique. Bref comme il faut (ce qui compense avec celle des catacombes complètement incompréhensible).
"Il te manque juste une petite dose de perversité et tu serais parfait" confie la Comtesse à Arsène. Petite? Grosse, oui...
 
vincy

 
 
 
 

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