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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Aram
France / 2002
27.11.02
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LES SENTIERS DE LA REDEMPTION
"Tu veux ta revanche?
- Non c'est pas mon jour
- Tant pis pour toi …"
Pas nécessairement évident de concilier des envies multiples au sein d'un seul et même film et peut-être encore moins lorsqu'il s'agit d'un premier passage à l'acte sur une longue durée. A la fois hommage à un genre cinématographique aux codes solidement établis - le film noir - et célébration de la mémoire des siens, sa famille, ses compatriotes laissés pour compte par l'histoire, Robert Kéchichian puise dans ses souvenirs et son vécu dans une volonté de livrer une œuvre sincère et personnelle.
Ses efforts portent ses fruits, le réalisateur ne se contentant pas de planter un décors mais développe une réelle atmosphère qui habite et sert littéralement le film. Ses personnages en rupture avec leur passé évoluent dans divers cadres urbains anonymes, dont la froideur et les zones d'ombre semblent sceller la fatalité de leur destin. Les rapports sont lourds de non-dits. Certains se réfugient dans le mutisme ou l'oubli tandis que d'autres sombrent dans une violence aveugle, sale et destructice. Dans tous les cas le désespoir se situe au bout de l'impasse.
Hélas quel dommage que la dramaturgie soit portée par des protagonistes aussi hiératiques. Le poids des antagonismes est certes justifié, mais il creuse un fossé que le spectateur a bien du mal à combler pour s'attacher véritablement aux rôles principaux, à cette famille d'exilés déchirée, et ce malgré la présence lumineuse mais sous-exploitée de Lubna Azabal. La maladresse qui réside dans les rapports conflictuels du père et de ses enfants restent trop sommaires pour développer de réels enjeux émotionnels propres à porter le film. La tendance s'accentue avec le traitement manichéen du camp adverse turque qui se résume essentiellement à une galerie de sales gueules caricaturales privées de tout raisonnement. Les convictions sans nuances passent très vite en toile de fond, l'action pourrait coller à une trame de règlement de compte d'un polar standard. Ennuyeux quand on évoque un sujet si fort que le génocide arménien.
Trop cloisonné dans son interprétation, peu soutenu par un engagement idéologique ambitieux les intentions s'annulent pour déboucher sur une simple évocation de l'errance qui manque de maîtrise et de crédibilité. Parfois fort dans ses partis pris de mise en scène, mais stagnant trop fréquemment à la surface des individus, Aram ne parvient pas à tenir toutes ses promesses. petsss
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