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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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36, Quai des orfèvres
France / 2004
24.11.04
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FAUSSE ADRESSE
" - L’institution est une vieille fille. Et elle n’aime pas qu’on la prenne en levrette"
Le bon vieux polar à la française n’est plus. Si la nouvelle fait aujourd’hui l’effet d’un pétard mouillé depuis la disparition des pontes du cinéma noir hexagonal, producteurs et réalisateurs français agitent constamment - et assez piteusement - des pieds et des mains dans l’espoir de convaincre le public du contraire. Olivier Marchal et 36 quai des orfèvres pourraient résumer à eux seuls cette énième et inutile politique du vent. En dépit du dépucelage cinématographique raté - Gangsters - couronné par un échec artistique et commercial cuisant (220 000 entrées en France), l’ex-flic passé réalisateur repart au charbon, lourdement armé d’un scénario inspirée de faits réels. Dans le désordre : attaques de fourgons blindés, corruption et guéguerre des Polices. Clamant haut et fort l’héritage de Jean-Pierre Melville ou celui plus récent du Heat de Michael Mann, Marchal baigne son film dans une ambiance glauque et électrique censée introduire 36 quai des Orfèvres dans la veine stylisée propre aux polars. L’ingénieuse séquence d’ouverture avec le numéro d’équilibristes de deux motards jusqu’à l’étrange réunion au sein d’une maison close, qui jette adroitement le trouble sur la véritable identité des protagonistes, pouvait normalement mettre l’eau à la bouche. Promesse non tenue. Forçant à (très) gros traits les ficelles du film policier, 36 quai des orfèvres s’enfonce rapidement dans les méandres du simplisme. Les vrai-faux méchants flics castagnent les vrai-faux gentils flics en attendant des gradés qu’ils choisissent leur camp.
Et pendant ce temps les bandits sévissent encore et toujours. Mais que fait donc la police ? Chez Marchal, elle a la fâcheuse tendance à jouer du calibre à tout va et à se foutre aussi facilement sur la gueule. Dans le genre "promotion pour la police nationale", on a rarement fait plus équivoque. Le manifeste sur le malaise des policiers ou le clin d’œil aux affaires du "Gang des postiches" et du "Gangs des ripoux" n’est que prétexte à une succession de duels et de scènes d’actions sans grande saveur. A trop facilement flirter avec une imagerie manichéenne et un spectaculaire vulgaire digne des feuilletons policiers signés TF1 ("Commissaire Moulin", "Navarro", etc.), 36 quai des orfèvres se saborde gaiement par quelques somptueux moments de misérabilismes et de pleurnicheries à l’image des obsèques officielles du commissaire Valence ou des scènes de vie familiale qui évitent de peu le ridicule. Entre deux larmes, les fourgons explosent, les balles n’en finissent plus de siffler et nos dents de grincer. Le tout sponsorisé par une B.O vrombissante et discontinue jusqu’à l’épuisement cérébral. Argument de promotion du film, le duel lattant entre les lieutenants Léo Vrinks et Denis Klein vire le plus souvent à la grimace de circonstance et aux regards en coin nerveux. A ce grisant petit jeu de m’as-tu-vu, Daniel Auteuil et Gérard Depardieu n’ont pas à forcer leur talent pour paraître un tantinet crédible et ne font au final que souligner les faiblesses d’un scénario qui s’écroulerait sans la présence de ses deux monstres sacrés. Polar faussement alambiqué voire paresseux, qui se laisse regarder aussi aisément qu’il s’oublie, 36 quai des orfèvres jouit de l’enthousiasme bon enfant d’une certaine presse qui y voit le symbole unique du renouveau du film policier français. Un compliment qui à défaut d'être compris laisse résolument perplexe. jean-françois
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