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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Bad Boys II (Bad Boys 2)
USA / 2003
15.10.03
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2 FLICS AMIS AMIS
" - C’est la dernière fois que évoques les lolos de ma mère."
Lorsque le film se termine enfin - 147 minutes de vide intellectuel - une certitude nous remplit ce qui nous reste de cerveau : Michael Bay n’a rien d’un grand réalisateur. Tout juste est-il un bon faiseur. Dès le générique, il nous roule les grosses mécaniques avec une série de clichés visuels, des images bien colorées, des couchers de soleil esthétiques et une caméra frôlant l’océan à toute vitesse. Toujours est-il que Bay a bien refait du Besson (ce qui est un comble) et parfois du Matrix. Rien d’original. Mais toute l’artillerie (lourde) du protégé de Bruckheimer (peu réputé pour sa subtilité) est sortie. D’entrée de jeu, nous voici dans une belle publicité pleine de testostérone, bien dopée au viagras. Étrange d’ailleurs que ces pilules d’ecstasy ressemblent autant aux cachets aphrodisiaques.
Ce film d’un autre temps, presque "reaganien" si l’on osait, est une propagande républicaine. Le message est clair : depuis le 11 septembre, l’Amérique est bien gardée, et la fascination du réalisateur pour la technologie des armées et l’imagerie militaire ne peut paraître que suspecte. Cela s’empire avec les 20 dernières minutes en sol cubain. Hommage involontaire aux Rambo et autres héros du B.O. oubliés, le scénario nous piège dans une surenchère arrogante et cynique où l’on détruit allègrement de pauvres bidonvilles (confondant ainsi l’image cinématographique avec un sens réel pourtant atroce). Final belliqueux et peu amusant, contrastant avec l’ensemble du film, Bay n’hésite pas à faire de la base Guantanamo une sortie de secours minée et minable, quand on sait les atteintes aux Droits de l’Homme qui y sont perpétuées. Ce qui devait être une apothéose s’avère surtout d’une bêtise réelle. On y viole le droit international à des fins personnelles, on utilise toutes les armes possibles pour sauver un soldat en territoire étranger, on se fout de la diplomatie tant qu’on a des " couilles " pour jouer aux braves mecs. Le pire c’est qu’avec l’affaire Kelly Lynch (en Iraq), on sait les Américains de telles absurdités.
En cela, le film comporte 30 bonnes minutes de trop, et souffre de la fameuse surenchère d’une suite avec plus de moyens. La grosse cavalerie est de sortie, avec plus de gros accidents, plus de grosses cascades, etc... Que de casse ! Au moins, les ventes de voitures en Floride ont dû augmenter.... Dans ce jeu vidéo où une Ferrari va moins vite qu’un truck, l’idée est de se foutre des humains et d’admirer la carrosserie, ou les dégâts causés. Ca rappelle le jeu Carmageddon (et non pas le film Armaggedon). L’idée est de faire mieux que dans Fast & Furious. Il est évident que Bay n’a jamais du voir Bullitt... Mais hélas, trop de poursuites (Italian Job, Terminator 3...) tuent le désir d’en voir. De même la scène de poursuite dans le métro rappelle trop Peur sur la ville, Men in Black ou encore Cowboy bebop (quasiment du plagiat). Pour le producteur et le réalisateur, la recette tient dans les formules récentes, de Heat à True Lies, de SWAT à Desperado (1 et 2). Aussi invraisemblable que ce soit. Qui croirait qu’un flic puisse rouler en Ferrari (à moins d’être corrompu) ? Le film feuillette de la même manière les magazines de mode, reprenant la vulgarité pseudo-chic des pubs de Versace, Dolce & Gabana, ou Dior. Le goût pour les bimbos pétasses participent à cette vision machiste que traîne Bay à travers ses films.
Dans cette Floride sans retraités, donc irréelle, où les pirates sont rastas et les "bad guys" des latinos, Bay met en scène des guerillas et autres vendettas. Que de macchabées. Ce n’est plus le Western Spaghetti c’est le Thriller Tortillas. Avec ralentis ridicules pour accentuer un effet. Au point d’en anéantir la portée dramatique.
Le scénario n’aide pas. Très classique, il alterne les longues scènes d’action avec des gags ou des dialogues. Généralement, la partie à flingues est réservée à Will Smith, quand Martin Lawrence se régale avec les mots. Et là, le spectateur trouvera enfin un peu de plaisir. Au-delà de l’alibi afro-américain, le tandem fonctionne hors du film, sans le film. La scène dans le magasin vidéo, jeu de confession qui fait croire à une dispute de couple (gay) passe étonnamment bien. Le fait qu’ils s’autorisent à se foutre de leur gueule, cette autodérision permanente, sert de soupape à cette production bulldozer. Nous parvenons à oublier l’enquête, trop longue, sans intérêt, assez simpliste, et attendons à chaque fois une vanne par-ci par-là. Heureusement que l’arme fatale du film réside dans les deux acteurs, un peu absents mais toujours pros, qui se laissent aller sans se prendre au sérieux, à toucher leur cachet (devenu énorme depuis le premier opus). Beaucoup de fric pour rien... vincy
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