Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le bison


France / 2003

04.06.03
 



LE ZOMBIE





Isabelle Nanty est intelligente et aimable. Son premier film a toutes les raisons de susciter la sympathie. Il est donc assez désagréable de devoir en énumérer les défauts. Le Bison en comporte, hélas, quelques uns.
Avec ce personnage, on est relativement loin des attitudes postmodernes de l’attachant Edouard Baer, à la télévision. Son rôle est assez classique, dans un scénario assez classique. De voisin râleur et hâbleur il se mue en gentil tonton. Cette évolution est d’ailleurs tout à fait crédible tant elle est progressive et justement jouée. Cependant, elle traîne avec elle une bonne dose de clichés. Dans un souci quasi satirique mais mollement excessifs, les personnages peinent à prendre une vrai dimension. L’intention des deux auteurs (Nanty et Roger-Lacan) est peut-être ailleurs - dans le sentiment, le doux, le pittoresque enfantin - mais il semble que les idées scénaristiques manquent un peu à ce film. L’histoire est trop linéaire pour susciter un intérêt débordant au spectateur. Si vous ne voulez rien voir de grave, allez donc voir Le Bison.
Les dialogues, non plus, ne font pas preuve d’excès d’inventivité. Rien n’est vraiment mauvais mais, devant le talent évident des différents protagonistes, on regrette une impression d’écriture à la va-vite. Les répliques tombent assez mollement. Ça ne percute pas. D’autre part, Edouard Baer ne s’est apparemment pas autorisé les improvisations incontrôlées auxquelles il nous a habitué. Il est probable qu’il soit le seul dans ce cas, d’ailleurs. Il a le tact de ne pas s’imposer comme centre du monde au mauvais moment, c’est à dire sur le premier tournage de sa meilleure amie. Les autres, en revanchent, s’en donnent à c¦ur joie. On a, parfois, le sentiment de voir des répliques d’acteurs compilées plus qu’une réelle continuité et le film perd en rythme et fluidité. Du coup, Le Bison peine, hélas, à nous décrocher un sourire.
Ce premier film est un peu trop hésitant et n’a pas su assumer ses choix jusqu’au bout ou n’a pas su trouver sa voie. En premier lieu, il stagne dans un milieu impersonnel, entre la satire et le naturalisme, entre le burlesque et le comique de situation. Le rire qui devrait répondre à une logique, une mélodie lancinante, réglée comme une horloge, est trop hétérogène. Il hésite encore entre l’enregistrement de grands numéros d’acteurs et le rythme de la comédie classique américaine. La première éventualité est refoulée avant même d’être formulée tant Le Bison se veut être une ¦uvre de cinéma (pas théâtrale). Les éventuels plans séquences sont étouffés par un découpage des dialogues en champ contre-champ qui imprime un effet ping-pong aux dialogues un peu systématique. On ne peut pas dire, pourtant, que le film soit mal interprété.
Quelques scènes du Bison fonctionnent assez bien. Le retour du mari à la maison se retrouvant devant Louis, en fait partie. Mais on reste frustré du spectacle un peu court de cette rencontre. On attend un naufrage de l’excellent Pierre-François Martin Laval et d’Edouard Baer dans l’absurde le plus total mais on reste sur sa faim.
La passion de Nanty pour la déclaration des droits de l’homme ne trouve pas son illustration sur ce support audiovisuel. L’inégalité des performances est assez flagrante. Il faut saluer, cependant, quelques seconds rôles particulièrement intéressants (leur direction est, semble-t-il, un des talents de Nanty), celle d’un voisin (Patrick Ligarde), des deux huissiers (Candide Sanchez et Jacques Tresse), de la sage-femme (Nanou Garcia) ou encore de deux des enfants (la petite Kim et le petit Paulo).
Certes, ce Bison n’est pas une comédie marquante, ni franchement drôle mais une certaine douceur se dégage de ses personnages qui aura tendance à nous le faire préférer aux machineries comico-vulgaires (type Gomez et Tavarez), aux rires froids, gras, voire frustrants qui sont parfois le lot d’un certain cinéma français.
 
axel

 
 
 
 

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