Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Black Hawk Down (La chûte du Faucon noir)


USA / 2001

20.02.02
 



EXECUTION SOMMAIRE





"Seuls les morts ont vu la fin de la guerre (Platon)"

Après The Thin red line, Saving Private Ryan ou même Three Kings, le regard cinématographique sur la guerre ne peut plus être le même. Loin du patriotisme aveugle, des héros sûrs d'eux, le film de guerre, genre renouvelé et séduisant, se voyait renaître avec un peu d'humanisme, beaucoup de pacifisme, et une dose de violence plus crue.
La chûte du faucon noir est hélas un film "démodé", politiquement ambigüe, et finalement un jeu visuel fascinant, tournant à vide comme un hélico stationnant dans le ciel. Il ne fallait peut-être pas s'attendre à autre chose de l'alliance Bruckheimer / Ridley Scott. D'un côté le producteur des films tocs, de la certitude, de l'arrogance US. De l'autre un admirable virtuose de l'image esthète, celui du doute, de la victoire amère. Le mélange aurait pu être passionnant. Hélas, le réalisateur n'est pas aux commandes, il se laisse manoeuvrer par le Général producteur.
Le film contribue fortement à la filmothèque patrimoniale des images faisant l'éloge de l'armée selon Bruckheimer (de Top Gun à Pearl Harbor). De belles publicités, très dispendieuses, où le seul message semble être "l'armée, malgré les morts, c'est cool (et le café y est bon)". Ainsi il y a le temps CNN (l'actualité live) et le temps Hollywood (dix ans après, le film, évidemment très sublimé). Il cible une jeunesse occidentale qui s'ennuie, avide de sensations, et qui y verra un jeu vidéo hyper-réaliste. Cette même jeunesse qui a un seul choix : agir ou regarder la guerre aux infos. Le problème existentiel de ces jeunes gens est limitéici à trois phrases... Là où Mellick intégrait la guerre dans l'environnement et Spielberg dans l'homme, Scott se contente de filmer les combats comme une simple stratégie où les soldats ne sont que des pions. Il n'y a là aucun personnage, aucun caractère, aucune personnalité, bref une absence de relations humaines qui contraint les acteurs à une simple présence (parfois charismatique dans le cas de Shepard, Sizemore et McGregor).
Si le cinéma ne sert pas à évoquer autre chose qu'une réalité, même en la magnifiant, il devient souvent inintéressant - d'un point de vue historique et politique. Cinématographiquement, La chute du faucon noir est un résultat bluffant, c'est à dire que son cinéaste plagie souvent les références du genre, avec parfois une certaine grâce (le ballet des faucons noirs dans le ciel de Mog'). La réalisation est nerveuse, efficace, et souvent confuse. Scott ne peut pas s'empêcher de s'attarder sur une opération chirurgicale. Après le cerveau dans Hannibal, voici l'artère fémorale du soldat. On va crescendo dans l'horreur, et souvent inutilement, comme pour mieux nous occuper l'esprit face à la vacuité du propos. Certains raccourcis sont simplistes : la famine dans la capitale somalienne, l'orgie de bouffe fraîche dans le campement américain. Ce contraste est un moindre mal, comparé à l'inexistance des casques bleus dans cette opération; l'ONU ne sert que de centre d'accueil, d'un point de vue US. Seuls les Rangers semblent héroïques. C'est assez représentatif de cette volonté américaine de vouloir menr les guerres en solo. Mais ici on ne cherchera pas ce genre de critiques. Pourtant d'actualité, le réalisateur anglais aurait pu tirer partie pour lancer un avertissement. Au lieu de cela, le producteur y voyait plutôt un film qui introduisait démagogiquement les attentats du World Trade Center.
BHD est rempli d'adrénalyne et de clichés du genre, n'évitant pas le sentimentalisme et la compassion. La fin est involontairement cynique et fort regrettable. Hommage aux 19 américains tués, noms inclus comme s'il s'agissait d'un mémorial. L'échec de la mission est cruel, mais pas autant que le message qui suit. 1000 somaliens tués dans ce jeu de massacre. Peut-on dire qui est à plaindre? Certainement pas. Le film ne s'étend pas sur ce "point de détail". Un Rangers a une vie qui vaut apparemment plus que celle d'un africain. Filmer cela à notre époque, Messieurs Scott et Bruckheimer, est la preuve que vous ne comprenez rien au monde.
 
vincy

 
 
 
 

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