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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Melinda and Melinda (Melinda et Melinda)
USA / 2004
12.01.05
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DRAME COMIQUE
"- Elle est superbe. C'est rare une Républicaine si sexuelle."
Si ce n'est son meilleur film en dix ans, il fait parti des bons Woody période post-Mia Farrow. Belle photo, beaux décors, casting sans trop de stars. Et un ou deux micros dans le champ! Mais il s'agit surtout de l'un de ses scénarii les plus intéressants depuis ... au moins!
Ni drame ni comédie, ce film tragicomique est une justification autobiographique de sa filmographie chaotique. Entre drames et comédies, larmes et rires, sentiments distants et dérision dévastatrice. Un personnage, deux situations, de multiples possibilités. Selon qu'on se prend pour Bergman ou Capra. Baratin et bavardages au programme, Allen démontre que la vie est perçue différemment selon la manière dont on la voit. Bien sûr Woody préfère les rigolos. Mais sa Melinda ne démérite ni dans l'un ni dans l'autre des films. Oeuvre schizophrénique, naviguant entre les deux hémisphères cinématographiques, le scénario est équilibré, limpide, rythmé. Mais évidemment il manque d'intensité, l'exercice se révélant contraignant. Le grand huit est réussit mais il y parvient au détriment de la profondeur de chacune des séquences.
Si le film s'échappe de ses limites, c'est bien parce que la partie dramatique est tellement mélo, tellement énorme, que les rebondissements nous font rire. C'est là tout le moteur du cinéma allénien. Il se rêve dramaturge, mais ne croit jamais à la douleur. Dans la partie Melinda - Dostoievsky, quelques répliques drôles font mouche. Dans le segment Melinda - Lubitsch, le drame n'est que prétexte à l'absurde.
Il en profite surtout pour déclarer la guerre au superficialisme, à ces femmes occupées par leurs lunch et leur shopping. Il canarde les soirées et dîners mondains, plus que chiants. Lucide, il balance ces ex-Dieux de fac dans la cruelle réalité bourgeoise où ces intellos sont ivrognes, infidèles et cyniques. Pour compenser cette acidité, il rend hommage à la culture française : bistro où l'on discutte, du Haut Brion en vin, Madame Bovary, les coquilles Saint jacques, la mère de Melinda...
Avec ces intersections, ils croisent les deux histoires, qui parfois se complètent ou se recoupent. La virtuosité du script montre à quel point l'auteur n'a perdu de son talent. C'était même plutôt casse-gueule sur le papier. Mais jamais nous ne sommes égarés. Il ose même quelques saltos arrières, avec des surprises comme le personnage de Chiwetel Ejiofor.
Pourtant, nous sommes étonnés par cette mélancolie qui imbibe tout le film. Empreint de désillusion, ce dernier opus démontre que si l'on ne croit plus à ses rêves, ils se brisent d'eux-mêmes. Quels étaient les rêves de Woody cinéaste? "J'ai visé maladroitement mes rêves" fait-il dire à l'un de ses protagonistes. Constat en forme de bilan qui laisse croire à un peu d'amertume. Comme si ses petits arrangements avec la vie ne l'avaient pas pleinement satisfaits.
La répétition de la vie le lasserait-elle? Une simple suite de rebondissements aléatoires et cocasses dont il vaut mieux rire que pleurer? "- Est-ce que ce sont des larmes de tristesse ou des larmes de joie?" pourrait-on se demander à un enterrement, à un mariage, à la sortie d'un film... "- Ne sont-ce pas les mêmes?" vincy
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