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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Bukowski: Born into this
USA / 2004
26.01.05
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BUKOOLIQUE
Il faut chasser Mickey Mouse de notre esprit…
Enterré ce cher Hank, vieux dégueulasse pour la formule marketing littéraire, ou écorché vif au romantisme inavouable aux yeux des puristes fidèles. Bukowski est encore à la mode, pour ne l’avoir jamais trop été. Trop radicales, trop brutes, ses confessions égocentriques auront fait les beaux jours des milieux underground branchés mais pas vraiment ceux du tout venant aimanté par les best sellers. En France, les annales populaires retiendront une apparition du bougre chez Pivot (Apostrophes en 78) qui avait tourné au vinaigre pour abus de vinasse. A l’époque on avait déjà notre Gainsbarre national qui oeuvrait dans le même registre de performances éthyliques. Le cinéma a tenté à de multiples reprises de récupérer la déchéance ordinaire de l’écrivain pour engendrer des œuvres sulfureuses. De son vivant, Bukowski n’aura que très peu apprécié la chose, fustigeant Ferreri pour sa libre interprétation des Contes de la folie ordinaire. Il aura suivi le tournage de Barfly filmé par Barbet Shroeder de près, y faisant même une apparition en tenancier d’un rade, sans plus de convictions. L’aventure lui aura procuré cependant un certain amusement qu’il aura couché dans les pages de Hollywood. Le cinéma est épate et artifice, Bukowski touche à la vérité nue, peu évident de faire cohabiter les deux. Le documentaire pourrait, avec Born into this, rejoindre la réalité du bonhomme. Encore faut-il se demander ce qu’il y aurait à ajouter, tant le poète maudit a déjà largement détaillé son vécu jusqu’au moindre fait et geste. John Dullaghan s’emploiera en tout cas à tirer le portrait de l’animal, avec un soin d’archiviste universitaire planchant sur sa thèse. Un constat s’impose rapidement. En suivant la bio largement documentée, le lecteur averti baillera langoureusement tant tout correspond à ce qu’il a parcouru initialement dans les bouquins. Conclusion : Même s’il arrange certains événements selon sa propre subjectivité (« moi je raconte les choses selon mon humeur, toi tu fais le film que tu veux » dit Bukowski au type qui le shoot au détour d’une séquence de reportage), l’autodidacte des lettres et des litres confirme l’honnêteté désarmante qu’on lui prêtait.
Besogneux et dispensable? Il restera la veuve, Linda, pour pleurer - un peu trop longuement - la disparition de son attachant époux ingrat, les impayables admirateurs, toujours mordus qui se trémoussent avec une excitation juvénile en se remémorant leur rencontre avec l’intronisé à son insu Pape de la Beat Generation (Bono fort justement sous titré « fan »). La vacuité des témoignages renvoie d’ailleurs à la lassitude qu’a couchée sur papier Bukowski au sujet de sa célébrité relative, alors qu’il était harcelé à sa plus grande consternation, par ses supporters qui débarquaient à domicile, le pack de bières sous le bras, pour tailler des bavettes avec le grand manitou.
Le dossier Bukowski a donc droit à sa classification officielle, parfaite pour une soirée thématique sur une chaîne culturelle. Tant mieux, tant pis, peu importe… Les recueils et romans restent et sont de toute façon largement relayés par les cercles littéraires internationaux, à la bonne disposition des curieux. La lecture demeure le moyen d’approche le plus recommandable pour faire le tour du monument et s’il faut à certains s’infliger un spot de pub en apéritif, en ces temps du tout pour l’image vulgarisatrice, pour se coltiner à l’essentiel, alors soit…
PETSSSsss-
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