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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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24 heures de la vie d'une femme
France / 2003
02.01.03
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DESTINS ENTREMELES
"- Ne me regardez pas comme si j'étais folle, je suis folle."
24 heures de la vie d'une femme raconte avec une incroyable fluidité une triple mise en abyme savante se déroulant à plusieurs époques. Il s'agit de morceaux de vie, intenses et passionnés d'hommes et de femmes, au demeurant respectables, qui décident de se laisser porter par leur c¦ur en ignorant les diktats de la bonne société. L'intrigue est corsée par l'idée de transmission intergénérationnel de ces instants contés du vieillard à la jeune fille, de la femme mûre à l'adolescent. C'est ce secret qui relie intimement les protagonistes et change irrémédiablement leur vision de la vie et, ce faisant, leur destin. L'intelligence de cette adaptation réside dans la narration de l'histoire, à différentes reprises, par la voix-off de Jaoui et de Serrault, tous deux impeccables de justesse. Comme dans un roman, leur perception des évènements guide le spectateur. L'image semble venir en renfort pour illustrer la parole.
La scène où la veuve Marie Collins Brown s'éprend d'Anton est une brillante illustration de ce procédé qui permet au cinéaste de respecter parfaitement le texte de Zweig. Pendant que l'on peut la voir regarder les mains du jeune homme qui joue à la table d'un casino (remarquablement filmé pour suggérer la décadence de lieu infernal), elle confie ce qu'elle ressent à cet instant. Par l'observation de ses mains fiévreuses, elle seule perçoit ce que le visage impassible du joueur cache : son extrême nervosité. Tandis que ses gains s'amenuisent, son besoin de jouer s'intensifie.
Bouhnik opère un parallèle entre la passion amoureuse et celle du jeu qui prend possession du corps et de l'esprit pour finalement annihiler toute volonté. Que ce soit Anton, Marie, Louis, sa mère ou Olivia, tous sont enchaînés à une même drogue puissante. Ils vivent en bravant les interdits et les convenances, salissant parfois leur honneur pour vivre cet absolu. La présence en arrière-plan de la société vient souligner leur folie : elle juge, abaisse et va jusqu'à exclure durement ceux qui n'en respecte pas les règles préétablies. En 2003, que reste-t-il à transgresser semble interroger le cinéaste. Bénénice Béjo incarne une jeune femme à l'aube de sa vie, qui a quitté le domicile familial, vit avec un homme qu'elle dit avoir " dans la peau " et n'hésite pas à voler pour parvenir au but qu'elle s'est fixé. A l'inverse, Louis, adolescent en 1936, découvre en douceur les premiers émois du c¦ur et la sensualité en se rendant dans la chambre de sa mère en fuite pour toucher le soyeux d'un bas de femmeŠ Avec une excellente maîtrise de la caméra et de la lumière, Laurent Bouhnik a su parfaitement exploiter l'héritage de Stefan Zweig et le transcender pour lui donner un éclairage contemporain. vanessa
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