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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Incredibles (Les indéstructibles)
USA / 2004
10.11.04
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PIX MEN
"- On est tous singuliers Dash...
- Ce qui revient à dire que personne ne l’est."
Il était de bon ton de croire au cinéma que les turpitudes inhérentes à l’existence de super héros étaient réservées aux adolescents bourgeonnants et aux victimes traumatisées de la criminalité stagnante. Pixar décide de démocratiser l’activité à la famille. C’est un peu gonflé sans l’être. Parents et enfants restent le coeur de cible de leur commanditaire, chacun est donc ainsi certain d’y retrouver ses petits. De plus l’idée de base n’est pas non forcément très originale. Les sauveurs du monde héréditaires ont même déjà livré quelques franchises, à commencer par Spy Kids et plus récemment The Thunderbirds. Des films crispants sinon niaiseux se référençant plus à James Bond (encore qu’ici…) qu’implicitement aux Comics. Il y avait donc la marge pour imposer une œuvre qui ne souffre pas de comparaisons et le studio californien s’est acquitté une fois de plus de sa tâche avec le brio qui a bâti sa réputation. Toutefois l’arrivée d’un nouvel auteur dans le cheptel du pixel, en l’occurrence Brad Bird, pousse l’équipe à atteindre une nouvelle maturité qui dépasse la simple maîtrise technique. Sans rompre avec la cohérence des œuvres passées, l’apport de Bird permet de briser un certain systématisme dans le concept qui avait tendance à rendre les dernières productions Pixar quelque peu convenues. Ici plus de monstres ou de poissons pour aborder l’éternel thème du parcours initiatique, mais des humains. Les personnages cautionnent moins de détours dans la fantaisie enfantine (The Incredibles réjouira plus volontiers les teenagers et leurs aînés que les tous petits, moins concernés), mais autorisent une profondeur plus aiguisée dans l’étude sociologique de la filiation, chère au créateur du Géant de fer. Certes, les héros ne sont pas réellement normaux, mais leurs pouvoirs extraordinaires demeurent accessoirisés, voire ridiculisés. La force des Parr, c’est leur humanité qui délivre fréquemment les meilleures scènes du film. Aussi la première partie de The Incredibles s’insérant dans notre quotidien se distingue qualitativement du reste du dessin animé. Plus inattendues, les situations d’échec des ex stars de la justice dans un système ingrat et aliénant offrent autant de bonnes excuses pour proposer une critique hilarante des Temps modernes comme le fit en son temps Chaplin. La mise en scène des conditions de travail, des pétages de plomb en plein Traffic évoque irrésistiblement Tati dans l’absurdité, de même que le déchaînement de prétentions comico-plastiques hi tech de certains intérieurs (la piaule à Edna) que ne renieraient pas les délires décoratifs avant-gardistes de Mon Oncle. Un contexte bien vu et bien rendu avec lequel compose une famille plus vraie que nature. Le portrait de groupe bénéficie de l’expérience de Bird sur la série des Simpson pour ce qui est de la précision d’écriture, expérience conjuguée harmonieusement à celle des animateurs qui se déchaînent dans le rendu des expressions familières et des traits de caractère qui touchent dans leur justesse et leur perfection graphique. Ados Complexés ou intenables, père démissionnaire qui trompe la vigilance de la mère poule protectrice et responsable, Une véracité qui sent le vécu et qui est mise en valeur par une des plus belles conceptions artistiques qu'il nous ait été donnée devoir ces dernières années dans le dessin animé américain.
The Incredibles ne s’en tiendra bien évidemment pas strictement à l’étude de mœurs satirique mais s’oriente dans un second temps vers le divertissement pur qui privilégie le dynamisme de l’action. Etrangement en sortant du cadre familier de la vie quotidienne si propice à générer des gags en cascade, un sentiment de retour à la routine s’installe lorsqu’il s’agit de suivre l’intrigue à suspense localisée sur une île géographiquement et esthétiquement proche de celle du Dr No. La faute n’en incombe pas nécessairement au méchant de service, Syndrome, plutôt raccord dans la démarche avec la philosophie du film (le narcissisme en lutte avec l’acceptation de sa condition modeste), mais plutôt à quelques faiblesses de rythme propres au scénario et à un côté trop balisé du déroulement des opérations largement déjà vues dans d’innombrables blockbusters récemment. Que cette réserve n’empêche par ailleurs de retenir une séquence anthologique dans laquelle Elastigirl réalise des prouesses de souplesse dans quelques entrebaillements de portes. Une pure merveille. Pour le reste, l’équipe Parr nous prouve plus ou moins volontairement qu’à Hollywood, à force de répétitions, sauver le monde cinématographiquement est devenu un job comme un autre, pratiquement aussi fastidieux que l’emploi du temps d’un assureur. La cohésion du groupe retrouvée après maintes péripéties, le bonheur de les retrouver dans leur train-train bancal redonne le sourire aux lèvres. Finalement allez vous étonner du succès qui ne se dément pas de la real TV... petsss
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