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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Finding Neverland (Neverland)
USA / 2004
23.02.05
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A L'OMBRE DE PETER PAN
"- Tu n'es pas, tu ne joues pas vraiment une Nounou. Tu es un chien. Un Terre Neuve."
Peter Pan aura décidément beaucoup inspiré Hollywood. La Babylone du 7ème Art se retrouve peut-être dans la métaphore de J.M.Barrie : adulte qui ne veut pas grandir. Le film est une production Miramax, à son pire et son meilleur. Un cran au dessus de Chocolat, largement en dessous du potentiel d'un Minghella. Casse-gueule de vouloir adapter au cinéma une biographie, une pièce de théâtre et le tout avec un personnage central censé ne pas être politiquement correct. Evidemment, tout a été aseptisé. Peu inspiré. Le film est ainsi à l'opposé des tourments de son sujet, qu'il a rendu beau et séduisant, ce que n'était pas Barrie. Glamour absolu? Jusque dans les costumes, les décors, les dialogues, la musique : J.M.Barrie in love. Tout est sentimental, esthétique, bien produit. Baillons.
Inspiré de faits réels, les faits ont été déformés : Hollywood (ou Miramax) n'ont pas osé proposer une vision réaliste de cet auteur. Les zones d'ombres sont éclairées avec les plus belles lumières. Les producteurs sont coupables de romancer à l'excès. En cela, Johnny Depp n'a pas grand chose à explorer, et son jeu se limite à ce qu'il a toujours su faire, sans les excès. Quelque part, Depp ressemble davantage à un Peter Pan clownesque et asexué qu'à Barrie - un côté Cary Grant dans L'impossible Monsieur Bébé. C'est davantage la mise en scène qui rend son interprétation intéressante en le filmant de manière disproportionnée, occupant tout l'écran ou réduisant arbres et objets. Mais le scénario trop mièvre, trop sage, ne captive jamais. L'histoire coule de source, gentillette.
Heureusement, le film s'évade de temps en temps. Comme le cerf volant, il a du mal à décoller, mais au final, il offre quelques moments de grâce. Les répétitions au théâtre (avec un excellent Dustin Hoffman), les allégories et Kate Winslet sauvent ce Neverland movie. Car les meilleures séquences sont en présence de Winslet et de sa famille. Elles nous renvoient au génie de Barrie, à son inspiration. L'actrice est tellement au dessus de la mêlée qu'elle nous arrache les larmes et rend intense la moindre image où elle paraît. Sans elle, point d'ovation, et aucune émotion. Dans cette société victorienne assez rude, sans chair mais avec un nonosse pour le chien (qui joue bien), les raisonnables sont les méchants. Dictature permanente face à la passion et à l'irrationnel. Le film ne fait qu'argumenter sur la nécessité des divertissements culturels. Bref, il essaie de prouver son utilité ou plutôt l'utilité de ses producteurs. Car l'auteur aura sa gloire (avec maints effets), mais juste pour les besoins d'un Happy End. Tout repose sur le monologue de Miss Kate, qui offre au film une certaine légitimité : faire croire, prétendre est parfois plus essentiel que de dire la vérité. Nous ne sommes pas loin de La Vita è bella. Et si loin en même temps...
Il est donc encore possible de faire des films aussi désuets, aussi propres et lisses. Une fin désastreuses de bons sentiments après une séquence magnifique où Clochette meurt quand la spectatrice souffre. Dès le début du film, Johnny Depp se tient à la porte de sortie de secours, prêt à fuir la représentation. On aurait du l'y inciter et l'accompagner dans un voyage moins classe, mais plus passionnant. Alors certes, pour paraphraser le gamin, "ce n'est qu'un film, ça n'a pas d'importance". Mais ce n'est pas avec cette oeuvre qu'on trouvera Neverland. Que nous comprendrons le mythe de Peter Pan. Barrie le dit à sa femme : "Pas besoin de voler mon Journal pour me connaître." Il suffit de lire Peter Pan, plutôt que de voir une fiction déguisée et maquillée, bref travestie, sur son auteur.
vincy
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