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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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J'irai cracher sur vos tongs
France / 2004
02.03.05
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CONFIDENCES TRES INTIMES
"Je te dis mon désir. Tu me dis oui ou non. C'est simple !".
Vertiges de l'amour. Ne voyez en ce film qu'une libre et très lointaine adaptation des "Carnets du sous-sol" de Dostoïevski. Hors monologues de Micha, campé par Sacha Bourdo, son isolement, ses dédales mentaux et certaines thématiques telles que les vastes lois de la nature, J'irai cracher sur vos tongs n'a rien de la sombre et haineuse nouvelle dostoïevskienne à l'origine du projet. D'un point de vue thématique, on pense davantage à Boris Vian. Le film de Michel Toesca est quant à lui, en grande partie, une variation poétique teintée d'humour sur le sexe, les relations hommes/femmes, leurs désirs, frustrations et émancipation respective. Aux piquantes improvisations de Sacha Bourdo d'animer cette fresque quelque peu surréaliste tantôt lyrique, tantôt loufoque, dans l'ensemble bien orchestrée mais décevante dans sa dernière ligne droite, faute au scénario en chute libre. L'aventure s'achèvera sur un trop plein d'infantilisation et moult faits rocambolesques sérieusement théâtraux. Surréalisme, d'accord ; mais ici, l'entreprise ne se donne pas entièrement les moyens de ses prétentions, allant jusqu'à raccrocher au moment où, justement, les idées commencent à fleurir. C'est bien dommage.
Filmant en DV, ainsi même sans lourdes contraintes, Michel Toesca conçoit sa toile tel un journal de bord, avec une mise en scène indissociable des possibilités même inhérentes au support. Images et plans séquences mobiles, fluidité de rythme : le format sert concrètement son film, transformant le champ de la caméra en un espace de liberté à part entière. Effet pervers encore une fois : se jouant d'une accessoirisation constante de la caméra, la mise en scène de Toesca finit par perdre pied une fois les séquences d'extérieur passées. Tirant en son départ pleinement partie des décors, couleurs et luminosité du bois de Vincennes, le film amorce son déclin dès transposition de l'action en intérieurs, ne parvenant à renouveler cette chaleur ambiante si volubile en ses premiers actes. Le quadrillage se ternit, quand bien même Sacha Bourdo nous emporte avec son interprétation concrètement revigorante et spontanée. Fantasmes, libertés, plaisirs déliés, désir cristallisés, dualité des sexes : son personnage s'abandonne via de longues et secrètes confidences ou, au contraire, quantités de réflexions très dialectiques sur le fond et la forme des relations hommes/femmes. Ses espiègles monologues du masculin nous régalent tant que leurs sujets restent pétillants et servent concrètement l'évolution du récit. Le film manquera ici même son dernier virage, s'égarant avec des frasques aussi improbables que gravement solennelles sur la vie, la mort, la solitude et l'héroïsme. Tout un programme tergiversant qui, en plus d'être en rupture avec toute l'impulsion du film, nous donne le sentiment que Michael Toesca n'a pas totalement maîtrisé son projet. Sabrina
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