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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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(c) Metropolitan FilmExport
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LA CAVERNE DU SERIAL-GAMER
"Comment ai-je pu me retrouver là, alors que ma vie était si paisible?"
On ne pourra pas nous jeter la pierre à nous, critiques mais public comme vous avant tout, d’aborder un pitch tel que celui de « Saw » avec toute la prudence et la mémoire du cinéphile. Du fait, depuis « Le Silence des agneaux » et ses « Seven » nains, on commençait à en avoir un peu marre du barbu-killer hirsute sortant de sa grotte ou du nouveau gourou citant la Bible à chaque phrase pour nous exprimer combien il a eu des problèmes avec sa mère avant de lui couper la tête et en cuisiner le sexe (merci Ted Bundy, encore et toujours).. La télévision avait pris le relais (parfois mieux en fiction, parfois pire en reconstitution), et ça satisfaisait nos insomnies. En voilà un qui nous refait le coup. Oui, mais pour quoi faire au juste, bonhomme ? Tu viens d’où ? T’as tes papiers ?
Dès lors dans notre fauteuil, que voyons-nous ? Deux gentils crétins enfermés dans une salle qui vont devoir construire, voire déconstruire, le scénario qu’on leur impose, et qui nous renvoie, tel le Hitchcock de « Fenêtre sur cours » à notre condition de spectateur. Intéressant. Belle mise en abîme aussi pour le serial-gamer qui retrouva ici sa position bien qu’on lui ait volé sa manette. Car rarement ont aura vu un thriller accoupler cette nouvelle donnée, que d’aucun appelle le 9ème art, au 7ème… Car nous sommes bel et bien ici dans un « survival horror », à l’instar de « Silent Hill» ou « Resident Evil » et toute sa gamme d’item qui trouveront tôt ou tard leur utilité pour progresser dans l’intrigue et de sauver sa peau virtuelle par identification. Et c’est là où ce transfert du 7ème art pur au nouveau média du jeu vidéo assumé par ses scénaristes que « Saw » trouve son intérêt majeur. Les règles qu’on nous induit dès le départ - et que n’importe quel idiot est censé avoir assimilé - vont se retourner sur celui qui se serra précipité sur sa console avant d’avoir tout écouté (ou lu dans le petit feuillet qui accompagne généralement le jeu à 60 euros, à savoir que la croix peut être plus salvatrice que le triangle). Dès lors il n’y a plus moyen de reprocher à « Saw » sa facilité, mais d’applaudir comment notre connaissance du genre est mise à mal et à profit par son réalisateur et son co-scénariste interprète afin de mieux nous piéger. Que tout est clair et évident dès la première image, et qu’une image, avant tout, ça se décrypte…
Reste à rassurer les plus malins qui auront reniflé le pot aux roses dès les premières cinq minutes. James Wan a l’once de talent utile et nécessaire pour nous en faire douter jusqu’à son dernier plan.
Et si « Saw » reste un film qui à aucun moment ne remet son genre en question, il le confère au moins jusqu’à son ultime frontière connue à ce jour. Arnaud
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