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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les enfants
France / 2005
06.04.05
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LE DIVORCE EST UN SPORT DE COMBAT
« - Alors, ce qui est très marrant, c’est que Pierre a lui aussi deux enfants ! - …Bon ben je vais vous laisser.»
De son jet d’eau expertement dirigé, Lanvin arrose quatre enfants surexcités, dans un jardin baigné de soleil estival. La scène est enregistrée sans détour, frontalement, autant comme un spectacle que comme la routine paternelle universellement partagée qu’elle est. Christian Vincent filme ce que tout le monde fait, partout : une famille déjeune en plein air, une partie de cache-cache, des disputes inoffensives, un gamin se plaint de mal de ventre, la mère est inquiète et puis ça passe. Les Enfants, c’est le contraire exact de La vie aquatique. Chez Wes Anderson, le poncif est viscéralement rejeté et le récit tombe volontairement dans l’excès inverse. Ici, le cliché est admit comme quelque chose de vrai (ce qu’il est par nature), donc montré.
Vincent se plait à évoquer, à nommer les petites choses ou détails culturels qui rattachent ses personnages au quotidien des « gens ». Il énumère ce qui est partagé par le plus grand nombre, les objets qui identifient les uns et les autres à la classe moyenne, pour abstraire ces mêmes personnages de tout début d’histoire : la game boy, le monospace, le rock bancal qu’écoutent les ados, leurs passagères rébellions, leurs lits superposés, et de manière générale, en soulignant l’absence d’originalité de tout ce qu’il montre. Les Enfants, c’est la fuite de l’histoire. Vincent cherche la frontalité du lieu commun et essaye de le débarrasser de sa désagréable lourdeur représentative.
En effet, loin de représenter quoi que ce soit, le film se contente de présenter. C’est toute la différence qu’il y a entre une notice et une brochure. Ici, pas d’affaires de morale donc, peu de pensée, le service minimum (la grève serait-elle parfois préférable ?). On se contente de bien éclairer le tout pour éviter les angles morts. Pâle ambition tout de même pour un cinéma et une vision de la vie dénuée de tout mystère.
Reste des enfants justes et un spectacle aérien qui se laisse porter tout seul, du début à la fin. Pas d’éclats mais une routine confortable qui laisse au spectateur le temps de ne pas écouter les dialogues. Leurs trivialité permet, en effet, de voir la direction d’acteur se dérouler sous leurs yeux. Les gosses sont parfaitement trimbalés d’un plan à l’autre et paraissent traîner à la maison. Lanvin, lui, se laisse aller à plus de bonhomie, oublie l’intensité du regard, plus vitreux, moins condamné qu’il est à en imposer. A ce petit jeu, comme quelques autres, Lanvin a l’avantage d’avoir déjà montré qui c’est Raoul.
Vincent aurait pu réussire un film de sociologue mais les questionnements qu’il soulève ne sont pas assez surprenants. Tout sujet, en effet, qu’il soit sociologique ou cinématographique, a comme point de départ un élément inattendu. Il ne faut pas voir là un dogme ni même une règle mais une exigence subjective de spectateur. axel
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