Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Three Extremes


Hong Kong, Corée du Sud, Japon / 2004

04.01.05
 



DEGOUT ET DEUX COULEURS





"Pourquoi lui couper les doigts un par un? Coupe lui carrément les mains, tu auras plus vite fini..."

Il n’est pas vain de remettre de temps à autre les aiguilles à leur place sur la lourde horloge de la critique cinématographique (mais existe-t-elle encore ?).
En 1961, dans un article fondateur des « Cahiers du Cinéma » intitulé « de l’abjection », le futur cinéaste Jacques Rivette rendait compte d’un film de Gillo Pontecorvo, le fameux et peu visible « Kapo ». Le texte mettait en cause un travelling qui allait recadrer et enjoliver un corps mourrant dans les fils barbelés électrifiés d’un camp de la mort en ajoutant : « L’homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling-avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d’inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n’a droit qu’au plus profond mépris ».
Il en va de même de Fruit Chan et de son volet intitulé « Nouvelle Cuisine ». Cette cuisine, ça fait bien longtemps qu’on nous la sert dans la cinématographie mondiale sans qu’aujourd’hui on n’ait plus rien à redire quant à son immoralité artistique et formelle. Il prendra pour les autres ; tans pis !
Dès lors, ce n’est pas tant son sujet ridiculeusement scabreux qui est ici mis en cause : une femme qui fait des raviolis avec des fœtus pour redonner la jeunesse ; le symbolisme est tellement gras et creux qu’il convient parfaitement à une série Z comme on les aime. Mais Chan refuse le Z. Chan se prétend esthète. Il a Christopher Doyle à la lumière (qui apparemment ne quitte plus Hong-Kong), son talent de cadreur pour lui. Alors il en rajoute et nous écœure lorsqu’il filme en contre-plongée ses deux héroïnes au dessus d’une assiette transparente contenant un embryon, avec le commentaire de la « cuisinière « : « C’est un mâle, t’as vu on voit son petit machin. C’est les plus rares. Et les meilleurs… ». C’est cela, oui… Apparemment, Fruit Chan ne connaît pas Lubitch. Ni Tati, ni les autres. Chan ne connaît que lui-même et ignore que le cinéma est un art de la frustration plutôt que du montré. Que le hors-champs et le non dit sont beaucoup plus forts que l’explicite (ou comme Billy Wylder prévenait : « Un conseil donné par Lubitch ; laissez les spectateurs additionner deux plus deux. Ils vous en seront éternellement reconnaissants »). Rendez-nous Lucio Fulci ou Joe D’Amato, les premiers films de Peter Jackson ou ceux de Troma. Eux ont une vraie morale du beurk !
On en voudrait presque au fabuleux Park Chan Wook d’avoir accepté de voir son volet acollé à cette ineptie. Poursuivant sa thématique de la vengeance, il ironise ici sur sa propre condition de metteur en scène. Voilà quelqu’un qui ne cesse de se poser des questions et en faire le compte rendu à l’image, constamment dialectique. L’autre force de Wook c’est qu’il demeure l’un des rares cinéastes à décliner à l’écran toute la gamme des sentiments humains dans chacun de ses films. Une seule retenue peut-être : que ses collaborateurs ne lui confisquent pas de temps à autre sa courte focale… Quant à Takashi Miike, il confirme la grande fumisterie dans laquelle se fourvoie actuellement le cinéma fantastique japonais, incapable de se renouveler depuis Hideo Nakata. Une fille, des jumelles, brunes aux cheveux longs. L’une morte, l’autre qui cherche à la rejoindre… Ca commence à bien faire ! Et toute la poésie du grand supermarché nippon ne peut y remédier. Déjà pris, déjà donné…
Dès lors, on peut considérer ces « 3 extrêmes » comme le dangereux enjeu que l’occident à imposé au cinéma asiatique : refaire ce qu’on attend de lui.
Afin de mieux se vendre. Se vendre, oui…
 
Arnaud

 
 
 
 

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