Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Les Poupées Russes


France / 2005

15.06.05
 



Amours gigognes





« Celia c’est l’équivalent en femme de la rue idéale »

Il y a les films français qui ressemblent aux chansons de Vincent Delerm, un peu torturées, mélancoliques, traitant tout en nuances la vacuité des choses et des affres de l’amour. Et puis il y a ceux qui évoquent les morceaux de Bénabar, tranches de vies légères aux couleurs vives, même lorsqu’elles racontent un râteau amoureux. C'est dans cette deuxième veine que s'inscrit Les Poupées Russes.
A la différence de vraies poupées russes, les filles qui entourent Xavier et lui font perdre la tête ne se ressemblent pas. Mais les actrices qui interprètent leurs rôles ont pour points communs de jouer remarquablement, d’être jolies et même drôles. Cécile de France, de nouveau lesbienne, est hilarante déguisée en hétéro et nous ressort pour l’occasion la démarche de camionneur qu’elle affectait dans La confiance règne de Chatiliez. L’ex copine chieuse et altermondialiste de service est bien sûr Audrey Tatou, qui joue si bien qu’on la bafferait à force d’exaspération. Martine, Isabelle, Wendy, Célia, Kassia… Klapisch aurait pu nous perdre avec un scénario à tiroirs mais il évite ce travers en faisant de Xavier le centre de gravité de tout ce petit monde, ce qu’illustre d’ailleurs l’affiche du film. Romain Duris, ne démérite pas non plus, impeccable en trentenaire papillonnant et paumé. Impossible de ne pas être plié quand on entend son gros rire bébête et gêné.

Comme dans l’Auberge Espagnole, une attention particulière a été apportée aux dialogues. Parfois les répliques fonctionnent (Duris drague une vendeuse de chez Kookaï et lui sort « Moi je s’rais toi, je m’appellerais »… et la salle s’esclaffe ), parfois beaucoup moins. Certaines sonnent même comme les dialogues du téléfilm à l’eau de rose sur lequel travaille Xavier (« Commencer une histoire avec une fille, c’est comme partir en voyage » ). Heureusement, l’émotion qui se dégage du film dans sa globalité n’en souffre pas trop. Pas de pathos exagéré ici, ni de larmes inutiles, mais des interrogations douloureuses dans lesquelles se reconnaîtront la majorité des 25-35 ans : comment accepter avec la zenitude d'une grand maître bouddhiste ce boulot alimentaire ultra chiant alors qu’on aspire à de grandes choses ? Comment être sûr qu’on a trouvé l’amour, le bon ? Comment choisir entre les jambes interminables de Célia, son petit cul parfait (ici, on sent le mâle Klapisch qui filme…) et le doux dévouement de Wendy ?

Petit bémol : le manque de renouvellement dans la façon de filmer. On retrouve dans Les Poupées Russes les même split-screens, les mêmes arrêts sur personnages que dans L'Auberge, la même voix off (le seul procédé repris de l’Auberge qui paraît ici indispensable pour assurer l'harmonie dans la continuité), le tout dans un joyeux bordel. Klapisch cède aussi parfois à la facilité en réutilisant trop souvent certaines scènes – drôles il est vrai, mais qui pâtissent d’un comique de répétition inadapté.

Les Poupées Russes plairont donc à ceux qui avaient aimé L’Auberge Espagnole. Quant à ceux que la première partie de cette « saga » avait laissés indifférents, ils pourront se consoler en admirant les villes que Klapisch filme joliment : un Paris romantique, un Londres studieux et un Saint Petersbourg teinté de tristesse.
 
asha

 
 
 
 

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