Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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France / 2005

26.10.05
 



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"- C'est votre femme ou c'est une pute ?
- Les deux, comme ça se fait dans beaucoup de ménages !


Après Miou-Miou, Huppert et Grinberg, Bertrand Blier a trouvé sa pute idéale. La sublime, irrésistible ensorceleuse, la compagne, gardienne du cocon, la femme aimante et mère nourricière de substitution. La madone qui assume pleinement son rôle de pute et aime son métier. Rien que ça. Que voulez-vous ! Disons qu'on ça sent la fin de carrière. Blier s'englue dans ses dédales cherchant coûte que coûte à explorer ces territoires féminins, éclairé par sa seule dose de testostérone, à mille lieux de Notre histoire et Trop belle pour toi. Mâle fantasmant cherche absolu féminin. Et plus, puisque affinité moyennant bonnes finances.

Nos hommages à Bernard Campan, sur lequel, il faut bien le dire, l'intégralité du film repose. Le delirium de Blier faisant perdre tout corps au personnage de Monica Bellucci. Le comédien nous happe avec une interprétation étonnamment percutante, d'autant plus troublante que juste et posée, bien au-delà de ce qu'il nous avait révélé chez Zabou Breitman. Au final, on préfèrera de loin (et très vite) se raccrocher à ce portrait d'homme déchu. Le personnage vibre, chose qui n'était pas gagnée d'avance tant le film pique du nez à l'issue de sa première demi-heure. Suivant cette logique d'opéra filmé chère à Blier, scénario et traitement useront (abuseront) de situations absurdes théâtralisées. Efficace mais, une fois de plus, pêchant par excès. Au lyrisme des couleurs, mouvements, décors et effet de style, Blier usant de lumières en surex pour générer maintes suspensions, succèdera un étrange bouillon. Inerte, dans le meilleur des cas, pesant. Le film enchaînera les séquences stériles, notamment avec l'arrivée du personnage de Depardieu - ô combien surfait, à passer à la trappe - jusqu'à son final grossièrement festif. Bien plus proche d'une séquence musicale à la Pédale dure, dont Blier, rappelons-le, était co-scénariste que des objets même du film. Cherchez l'erreur ! Le cinéaste reste piètre expert en matière de dénouement. On n'y est désormais aguerri. Mais il semble ici s'être surpassé : personnages concrètement vains (entre autres, celui d'Edouard Baer), surenchères (notamment avec notre Depardieu gangster), dialogues étonnamment infructueux, extravagances… Et on en passe ! Le sentiment de patauger jusqu'au cou dans les fantasmes quasi pathologiques du réalisateur ne nous quittera pas. Blier s'emporte et se perd, enrôlé par la relation fusionnelle qu'il entretient avec son actrice/son héroïne. A la base, déjà, aucune frontière entre les deux. Elans passionnels, cristallisations en chaîne : Blier purifie la femme et sublime la pute faisant passer tous les enjeux par la seule sensualité de Monica Bellucci. Deux trois cartes postales d'Italie envoyées ci et là, quelques injections d'humour avec Darroussin et le tour sera joué. Reste qu'à trop miser sur le magnétisme de la comédienne, on frôlera un temps la misogynie quant à l'évolution du personnage. De jolies choses apparaissaient pourtant bel et bien chez cette femme tombée amoureuse de l'amour. Séquences humaines et câlines… Blier fera place nette, traitant l'affranchissement de Daniela sous la coupe de l' égarement. Spontanéité dite typiquement italienne, comprenez ici quasi-génétique et ainsi dénuée de toute cérébralité, féminité capricieuse, femme tendre mais résolument vénale aimée pour sa seule plastique. La déesse assume, Vivaldi, Bellini, Pucini, Chopin et incontournable Verdi à ses pieds. Elle revendique son droit à être pute et soumise. Bon débarras pour Blier pour aura ainsi même esquivé toutes les contraintes inhérentes à cette question de l'épanouissement des êtres. Que d'actes manqués.
 
Sabrina

 
 
 
 

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