Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Tim Burton's Corpse Bride (Les noces funèbres) (Les Noces Funèbres de Tim Burton)


USA / 2005

19.10.05
 



VIVE LA MARIEE... ET LA LIBERATION DU VICTOR KIFFANT





"- Il y a un oeil dans ma soupe."

Après Big Fish et Charlie and the Chocolate Factory, nous étions curieux, pour ne pas dire impatients, de voir si l'évolution de l'auteur Burton allait se ressentir jusque dans ses croquis. A la vue des Noces Funèbres, il nous faut nous résigner - mais doit-on s'en désoler finalement? : les contes et récits du réalisateur de Beetlejuice, L'étrange Noël de Monsieur Jack et autres Edward aux mains d'argent ont changé de nature, de morale, de ton.
Désormais, la famille est au centre de ses préoccupations; mais aussi l'héritage éducatif. Avant, Burton observait les marginaux, avec une compassion débridée. Aujourd'hui, les marginaux ont réussi à se frayer une place dans le système, et tentent de transmettre à la génération qui suit. Car Victor n'a rien d'un marginal, il est juste le gamin rêveur qui hante tous les récents films du cinéaste. Il est un peu dans la lune, et ça tombe bien car le soleil n'a rien à voir dans ces univers morbides.
D'un mariage de convenance, brassage sanguin indispensable à la survie de l'espèce, il tisse une histoire folklorique où le métissage irait bien plus loin... Ce qui intéresse Burton depuis quelques temps c'est de savoir comment équilibrer les névroses venues de l'enfance et l'adolescence avec un cadre plus schématique imposé par la société. Ces noces funèbres, là encore, sont une tentative de maintenir nos rêves intacts tout en se pliant aux responsabilités imposées. Dans cette affabulation romantique, il distille ses codes visuels, ses obsessions fantaisistes, ses délires candides.
Burton, déjà peu sexué dans chacun de ses films, est encore plus puritain qu'à l'accoutumée. La morale, plombante, du film nous freine un peu dans notre plaisir. Ce retour à l'ordre qui ponctue une histoire manquant de relief psychologique - notamment à cause de la caricature trop facile des parents et de l'absence de personnalité de la mariée du Royaume des Vivants - pourrait décevoir les fans, et peut expliquer un manque d'enthousiasme avec ce final trop respectueux des histoires d'amour pubères.
D'autant que le film nous avait bien allumer avec son autre mariée, celle d'outre-tombe. Sexy, craquante, tourmentée, accrocheuse, elle a tout pour plaire. Elle entraîne tout sur son passage, déchaînant les passions, instaurant un désordre sain dans le Royaume des Vivants, trop ennuyeux. Le titre américain ne se trompe pas en parlant d'elle comme de l'objet de désir mais aussi l'objet transitionnel du film. C'est bien ce corps de mariée, un peu amochée, mais très séduisant, qui donne du relief au film, qui réveille les vivants. L'alliance entre les deux mondes n'a rien de funeste, au contraire c'est bien ce mix qui amène les scènes les plus marquantes. De funambules en somnambules, la vie six pieds sous terre nous envoie au septième ciel. C'est bien le but recherché. Seul regret, cela manque peut-être d'originalité. Par exemple, la scène flash-back flirte avec le jazz et le vaudou, rappelant trop fortement The Skeleton Dance ou Les Aristochats. Cette même séquence, essentielle puisqu'elle nous invite dans un monde imaginaire, est hélas trop explicative puisqu'elle présage de la fin. Savoir qui est le coupable d§s le premier tiers, voilà un problème narratif majeur. Il faudra donc tout le charme de notre mariée défunte pour nous faire palpiter à ces histoires de coeur, où le jeune fiancé semble perdre la tête. Le suspens est plutôt bien amené quant à son choix.
Mais hélas, entre temps, nous nous serons légèrement assoupi, comme souvent dans ces banquets trop légers mais si beaux. Car Les noces funèbres de Tim Burton est une réussite artistique indéniable, esthétique, technique, mécanique. Si l'oeuvre n'apporte rien à l'univers burtonnien, le cinéaste reste quand même de ceux qui parviennent à nous éblouir, malgré la froideur ambiante et le contraste facilement manichéen. Nous enchanter avec la mort est quand même une gageure en ces temps de formatage idéologique où seule la jeunesse, une certaine beauté et la vie doivent exister.
En rendant sa mariée posthume trop belle, et l'autre trop pâle, il choisit clairement son camp : celui d'un monde bohème, déjanté, festif, solidaire, rempli d'éclopés et de bons vivants. A défaut d'être le cartoon jouissif que l'on attendait, le requiem macabre s'avère quand même joyeux et mélancolique. En ayant espoir que pour Victor, plus rien ne sera comme avant, qu'il apprendra de ce voyage parmi les morts, qu'il ne répétera pas les erreurs de ses aïeux. Qu'il aura une pensée, émue, pour sa première femme.
 
vincy

 
 
 
 

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