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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Charlie and the Chocolate Factory (Charlie et la chocolaterie)
USA / 2005
13.07.05
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SAUVEZ WILLY
Le chou s'accommode idéalement avec le chou
Il est d’adage que les plus grands joueurs de pétanques font se rejoindre leurs boules… ou que les plus grands artistes refont éternellement la même œuvre. Tim Burton est un grand artiste et un joueur de boules. Artiste lorsqu’il l’exige de lui-même, bouliste lorsqu’on lui demande.
Dans la première catégorie il y a Edward aux mains d’argent , dans la seconde La planète des singes . Mais plus que nul autre, dans la plupart des cas et à l’instar des Lang, Ford, Hawks, Walsh, Eastwood, Scorsese ou De Palma, chez Tim l’espiègle, les deux se confondent…
Dans le cinéma, ça s’appelle un auteur. Et plus que jamais à Hollywood que dans notre hexagone. D’abord parce que le cinéma est une industrie avant d’être un art, là-bas comme ici. Mais qu’eux l’ont compris.. Et que cet artisanat se paie plus en intelligence qu’en dollars ou euros, sauf lorsqu’ils viennent de votre poche.
L’exercice est périlleux : tout cacher avant de montrer, car le producteur ne peut souvent comprendre un traître mot de vos intentions (lorsqu’il consent à se prêter à l’exercice et quand bien même il ait le Q.I à le faire, comme chez nous). Et puis enfin montrer tout ce que l’on a caché à ses techniciens - 500, 1000, voire 2000 et plus dans certains cas et 50 en France - et tous les convaincre de devenir les poils d’un même pinceau pour dessiner la ligne impeccable et imaginaire qui sera de toute façon déformée au final, à la très grande différence d’un peintre.
Tim Burton a cette très grande chance d’avoir été un dessinateur frustré, chez Disney, mais un dessinateur avant tout. Un peintre. Un visionnaire.
Et de cette frustration avoir créé un univers visuel propre et sans pareil. Tels les Fellini et Tati chez lesquels nous distinguons parfois de discrets hommages dans l’œuvre du chevelu de Burbank (et de son compositeur attitré, Danny Elfman).
Dès lors, dans ce nouvel opus qu’est « Charlie et la Chocolaterie », quoi de plus normal d’y redécouvrir les périodes d’une œuvre, d’une démarche, ponctuée d’essais, d’audaces, de « oui mais ? », d’apothéoses et de merveilleuses fautes de goût, et qui confinent ici en l’œuvre absolue analytique de son travail ?
Charlie... est une commande. Charlie était une œuvre écrite pour Tim Burton en 1964, mais il ne le savait pas (il ne faut pas lui dire, il n’avait que 6 ans)
Il serait fort d’imaginer que Charlie et la Chocolaterie soit le premier film de Tim Burton et que tout les autres ont suivis. Car il n’y a nul plan, nul thème, nul graphisme ni décor, nul combat entre ombre et pastel, entre cinéma du passé et d’un peu plus tard, qui n’ait été présent au long de sa carrière. Mais à la revoyure, on pourrait en dire de même de Pee Wee , son véritable premier long métrage, comme de ses deux courts précédents.
Au niveau de la forme, il n’y a plus à démonter que Burton aura été autant influencé par Bambi que par Frankenstein , Le magicien d’Oz ou Le Cabinet du Docteur Caligari , les films de Corman ou de la Hammer. Ce joyeux foutoir est une résultante normale pour un adolescent élevé dans la banlieue de L.A dans les années 60 et dont la seule fenêtre était l’écran allumé jour et très tard la nuit. On remarquera alors que dans « Charlie…. », cette banlieue colorisée toute en « sucre d’orge » ( une version à la Jacques Tati de la middle class) récurrente dans Pee Wee , Edward , la ville imaginaire de Big Fish , voire le vallon idyllique de « Beetlejuice », soient cette fois inversées avec L’Antre du Diable qu’est l’usine à chocolat.. La maisonnette du petit Charlie (dont l’intérieur est un pastiche des décors expressionnistes de Caligari dont il fut un temps question que Burton en réalise un remake) qui amorce une longue rue à la Dickens menant à la fameuse chocolaterie, tel le manoir d’Edward, est morne et triste. Il faudra dès lors cette fois franchir la porte du Dr Jekill//Willy Wonka/ Edwards pour traverser l’arc en ciel et y découvrir un monde multicolore. Wonka est un Citizen Kane (souvenez-vous du plan qui ouvre Batman le Défi ) qui aurait épousé Disney (ou par extension Michael Jackson) pour y accueillir des enfants et les punir de leur impudence.
Cette inversion entre Edward aux mains d’argent et Charlie est non seulement annoncé par l’incarnation de leur personnage par le même acteur principal, Johnny Deep, mais dans le second cas, la première apparition « en clair » de Wonka avec un grand ciseau à la main…
Sur l’invocation du cinéma du passé, Burton ne demeure une fois encore pas en reste (outre les chorégraphies propres à Busby Bekerley, résurgentes dans toutes les comédie musicales des années 40). Dans Edward , c’était Vincent Price qui jouait le père Frankenstein, et ici son alter ego, l’homme qu’il combattait dans les Dracula : Christopher Lee. Une nouvelle in-version par rapport à Edward … La récurrence des relations entre le père et sa créature, son enfant, dans l’œuvre de Burton est la ponctuation de toute son œuvre, jusque dans « La Planète des Singes » et les frustrations Wayne père et fils dans Batman ou ceux du Pingouin dans sa suite.. Où on notera au passage que le Père de Wonka lui aura imposé durant toute son enfance le sourire du Joker… Mais nous ne sommes pas chez Spielberg (autre enfant de Burbank) et sa thématique qui pourrait apparaître à un premier niveau semblable. Ici, lorsque Papa dit qu’il s’en va, même sa maison disparaît au milieu du coron pour la retrouver près du Pole Nord. Et devenir peut-être le Père-Noël de L’étrange Noël de Mister Jack ?.
Chaque plan ici est dans sa forme ou sa thématique, comme déjà dit plus haut, semble ôté et retourné d’un autre film de Burton. Une piste (je vous laisse vous amuser vous-même), l’œuf posé sur une langue et qui devient un oiseau en chocolat renverse celui où Catwoman relâche de sa jolie bouche le canari du Pingouin dans Batman, le défi …
Dès lors, où veut en venir Burton ? Tourner une page, tel un Scorsese et sa Dernière tentation du Christ où il avait exposé, pour le pire, toutes les cartes ? Sûrement pas. Il va poursuivre. Ressasser et alors ? Les peintres peuvent faire milles tableaux, les cacher, les recouvrir et les recommencer. Ce sont généralement ceux qui durent sans nous plomber de leurs biches en sous-bois. Chez Burton, la biche est bien là. Mais le loup aussi.
Les deux versants d’un cerveau en pleine activité. Arnaud
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