Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Crash (Collision)


USA / 2004

14.09.05
 



FAILLES SANS FABLES





"- Il est Irakien ? Mais il a l'air noir..."

Collision entre deux films : un sujet passionnant, des choses dîtes intéressantes, un regard sur une Amérique qui vient de confirmer ce qu'Haggis, ici, dépeint, soit le racisme ordinaire et la fausse solidarité patriotique. Et puis des drames trop nombreux, quelques personnages trop éludés, une absence d'espoir qui enferme le film dans une vision pessimiste peu séduisante. Trop de sujets se croisent. Pathos en surdose. Crash à l'arrivée. Les personnages en premier plan sont massacrés. Binaires. Tous sont à la fois humanistes, touchants, et monstrueux, antipathiques. Cela donne des conflits presque simplistes. Cette désillusion sur ses congénères, Paul Haggis, les rendant au mieux lucides, au pire cyniques, nous renvoie une impuissance : celle de dialoguer. Le seule personnage qui pourrait avoir cette chance et nous ouvrir un nouvel horizon, celui de Ryan Philippe, se transforme sous nos yeux éberlués en imbécile stressé.
Traumas de la vie et conséquences. Parfois cela coule de source. Et d'autres fois, c'est tiré par les cheveux. Construire un puzzle est un art. Robert Altman et Paul T. Anderson se sont aussi servis de L.A. pour ce genre de ramifications "sociétales". Ville où seules les bagnoles se touchent, et déclenchent des émotions tactiles. Mais Haggis ne réussit pas ses raccourcis : quelques scènes un peu longues compilent de vains moments, ralentissant le rythme. Elles existent pour nous faire croire à un destin commun illusoire entre ceux qui se croisent et ceux qui se méprisent. Quant à l'allégorie, elle lui semble inaccessible dans sa volonté de nous remettre les pieds sur terre. Ville cosmopolite dans les faits. Sous tensions - raciales - dans le réel. Il n'hésite pas appeler un chat un chat, en rajoutant dans la terminologie : négros, hispanos, paranos, asiats, waps... Méfiance, offenses, insultes, agressions (et agressivité en retour), voilà les déclencheur de ces bombes à retardements, de ces kamikazes urbains. Et c'est sans doute dans l'origine des guerres que Haggis réussit le mieux son portrait de l'Amérique moderne. Frustration à foison. Paranoïa jusqu'à l'absurde. Manipulation des clichés et langage par la télé et le hip hop. Perversions du système. Humiliations permanentes. Envie, cupidité, égoïsme. Tout cela rend les gens pathétiques, minables. Hommes castrés et femmes en colères.
Après ça, soyez joyeux!
Dépression garantie avec pente à 30%. Choc à l'arrivée. L'actualité récente a prouvé, hélas, que le regard d'Haggis était affûté : racisme social, ethnique, des apparences. Confère les effets de Katrina. Sans le brio d'Inarritu (Amores Perros), le cinéaste fait quand même quelques étincelles, en faisant pousser des cris venus du fond du coeur. Il est évident que cela dépend pas mal du casting, inégal. Newton, Dillon, Fraser, ... ont été vus ailleurs dans de meilleures dispositions. Ludacris, Tate, Howard, Bullock et Phillippe (en idéaliste qui se plante) sont plus convaincants. Quotas en faveur des blacks. discrimination positive jusque dans la pellicule. Horreur humaine. Dialogue inter-racial impossible? Avorté ici. La plus belle scène s'effondre en un coup de feu qui tue nos illusions. Regrettable.
Tu ne tueras point? Tu parles. Des sauvages. L'esclavagisme n'est pas encore si loin. Il est même très proche. Il a juste changé de visages. Petite délinquance et armada sécuritaire, la tentation du crime et la peur des autres forment un cocktail explosif. "On est cerné par des blancs surcaféïnés et protégés par des flics à cran." Société à cran. Cran d'arrêt. Un cran de plus. Toucher. Tollé. Taule. Coulé. Poly-crash. Plusieurs collisions qui s'entrechoquent. Chaque dignité est atteinte dans son fondement. Petits arrangements entre vivants sur le dos des morts.
Tout cela est très malin, pas mal vu. Bon découpage, plutôt intelligent. Séquences qui se font écho. Ensemble fluide. Mais là encore c'est peut-être un peu "too much". Trop senti, pas assez ressenti. de l'image neigeuse à la neige en image, il n'y a qu'un pas et il est franchi. Il manque un zest de défaillance, d'impressionnisme, de ces imperfections qui rendent les films un peu plus spontanés et moins regardés. Il ne s'agit pas de filmer des sujets captivants avec un ton singulier, encore faut-il que la carrosserie paraisse vraiment froissée, et que la solitude de tous ces êtres en perdition soient éprouvée. Ce qu'avait réussit Kasdan avec Grand Canyon. En ajoutant un succédané d'amour. Ce qui ne veut pas dire une noyade sous les larmes trop faciles à extraire de nos yeux rougis...
 
vincy

 
 
 
 

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