Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Cursed


USA / 2005

29.06.05
 








MOONHOLLAND DRIVE

« C’est à cause du maléfice que tu m’apprécies, j’exerce une attraction sexuelle étrange… »

Le premier bon mot facile qui viendrait à l’esprit pour introduire ce nouveau film du talentueux Wes Craven serait bien évidemment que la production semble avoir été rattrapée par le titre « maudit » du projet (voire Buzzz). Loin de toutes considérations d’ordre purement superstitieux, Cursed témoignera surtout de l’épuisement d’un mythe surexploité, le loup garou donc, qu’il faudrait sérieusement penser à laisser un temps en jachère, avant d’espérer voir poindre un quelconque renouvellement. Mais les producteurs d’insister lourdement et de déclencher un déluge continu d’œuvres plus ou moins inspirées : de Ginger Snaps à Dog Soldiers, en passant par Underworld, Van Helsing, Bad Moon, An American Werewolf in Paris… Stop ! Le chenil est plein… Reste que les petits malins de Miramax pensaient détenir la paire imparable pour épouiller le lycanthrope, à savoir le duo Craven / Williamson, qui était tout de même parvenu à réhabiliter avec la série Scream, le genre du slasher (tueur masqué friand de teenagers) avec un succès fracassant pour le studio.
La recette téléphonée, clairement appliquée dans la conception de Cursed, a malheureusement ses limites et on comprendra aisément que les auteurs finissent par éprouver une certaine fatigue à dupliquer encore et encore la même méthode. Ainsi, au-delà des séquences de pousse de poils et de crocs de rigueur, il sera question une fois encore de tenter de tenir en haleine le spectateur par des renversements de situation liés à l’identité réelle du monstre. Si vous avez déjà vu Scream, hélas, vous possèderez les clés du scénario. Sans compter qu’ici le contexte reste commercialement sagement pré calculé pour s’inscrire dans la tendance du moment des moins de vingt ans, sans aucun espoir de basculement vers l’étrange espéré (ThePeople under the stairs pour référence de l’auteur concerné). Campus, pseudo Planet Hollywood ou plateaux de talk show constitueront l’essentiel du cadre extra balisé du film. Le casting est globalement du même acabit et expose une belle brochette aseptisée de jeunes premiers débutants qui devront se résoudre à le rester probablement dans les mémoires toute leur vie. Christina Ricci renoue sans plus d’entrain avec son passé gothique en composant une Wednesday Addams quasi adulte et surprend essentiellement par son aptitude à jouer avec son physique, passant du laideron à la femme fatale avec une transparence proche du maléfice.
Le reste se glissera dans les archives poussiéreuses, sans que les initiés aient découvert grand-chose sur le sujet de leur adoration. Jack Nicholson nous avait déjà expliqué dans Wolf combien c’était chouette de se voir marqué du sceau de la bête et les avantages que cela pouvait présenter dans la vie quotidienne de tout à chacun. Odorat développé entre autres perceptions, force physique démultipliée qui fait se pâmer les midinettes en quête de bodyguard viril (et tant pis pour les homos et leur segment vite baclé)… La caution morale qui frappe Cursed ira même jusqu’à proscrire aux héros le droit de se transformer afin de croquer quelques protagonistes aux sens de l’orientation défaillant (ceux qui ne trouvent jamais la bonne porte de sortie). Au comble de la bonne intention et à défaut de véritable suspense, le sort de la victime sera par ailleurs tièdement réservé aux arrivistes antipathiques afin de ne froisser personne.
Reste que la solidité de sa mise en scène permettra à Wes Craven d'éviter le ridicule gênant et de se sortir de cette voie sans issue pertinente, la réputation à peu près intacte. Lui, maître de l’horreur, qui aura révolutionné le genre à maintes reprises, ne fera ici qu’inclure la créature carnassière à son propre bestiaire, tout comme il l’avait fait avec les vampires pour son Dracula 2000 sans plus de génie. Le CV du cinéaste consciencieusement complété, l’audience devra se satisfaire d’un divertissement standard qui fera véritablement son office pour peu que le porteur du ticket s’apparente à un insatiable fanatique de métamorphoses animalières. Encore faut-il être sous le coup de la malédiction…
 
PETSSSsss-

 
 
 
 

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