Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 32

 
Appleseed


Japon / 2004

31.08.05
 



LA POSSIBILITE D'UN REVE





"- Quel étrange animal que l'homme qui se met lui-même en cage."

Si Miyazaki cherche à réveiller notre spiritualité dans ce monde matériel, Masamune Shirow préfère s'interroger sur les intrusions de la matière dans l'humain. Les deux ne s'opposent pas, au contraire, ils se complètent dans une vision similaire d'un monde par définition de moins en moins humain. Shirow, surtout connu pour avoir créé Ghost in the Shell, prolonge ses obsessions dans Appleseed : homme-machine, robot arachnoïde, femme soldat, passé nostalgique et illusoire... Mais finalement ce qui fait davantage la patte de cet auteur culte c'est ce mélange de science fiction aventureuse et de dialogues philosophiques, de mythologie (ici grecque) et d'utopie.
Appleseed ne propose donc, par son sujet, ses dialogues, sa réflexion, rien de bien surprenant. Ghost in the Shell, le film, restera, pour le moment, l'oeuvre la mieux maîtrisée en terme d'écriture, et la plus équilibrée entre son fond et sa forme. Cependant, contrairement à Innocence (la sequel de GIS) de Mamoru Oshii, le réalisateur d'Appleseed, Shinji Aramaki, évite d'être pontifiant. Il laisse une large place à l'action et tente de maintenir un rythme soutenu, entre deux séquences parlées parfois longues. Si l'univers visuel ne se détache pas des précédents mangas d'anticipation notables (Akira, Wonderful Days...), la mise en scène et la qualité artistique de l'ensemble produisent un film aux effets séduisants.
Cela commence dès la séquence d'ouverture, impressionnante : un opéra en musique techno (extras Boom Boom Satellites), dans un décor apocalyptique, avec quelques ralentis ; un monde technoïde, destructeur et chaotique, entre désolation et déshumanisation. Entre Matrix et un jeu vidéo élaboré, sans interactivité. La frontière devient alors de plus en plus mince entre les deux genres. il faudra bien tout un film pour nous sortir de cette impression. Et ne vous fiez pas aux apparences binaires : les méchants robots en noir, les gentils robots en blanc. C'est évidemment plus complexe que cela lorsqu'on aborde le clonage, l'idée de nouvelle race et d'hybridité, ou encore de la démocratie à la grecque versus la démocratie populaire. Si parfois, tout cela devient un peu confus, au détriment de la castagne ou du message, selon, Appleseed parvient malgré tout à imposer sa dramatisation, crescendo, vers une forme d'ultimatum, fatal, où la morale de l'histoire s'imposera, forcément.
On pourra toujours regretter cette violence à outrance, ces commandos GIGN/SWAT/paramilitaires, cette fascination pour l'armée, et en parallèle, ce fantasme lesbien, ces femmes gaulées pour un calendrier Pirelli (avec profil de trois quart, cul bien rebondi et seins archi gonflés). Mais derrière ce fond de fascisme et de machisme, il y a aussi l'égalité des sexes (avec même des femmes souvent moins faillibles et dominatrices que les hommes, mais tout aussi puissantes). Enfin c'est la sagesse et l'esprit qui auront raison de la menace suprême, et non de quelconques explosions. Tout est équilibré, équitable. Le cauchemar apocalyptique génétiquement intégré au Manga cherche sa solution dans un environnement pacifique. Entre euthanasie et génocides, l'humain cherche une voie meilleure Il y a une volonté d'harmonie nécessaire : impossible d'affronter le futur si on oublie son passé. D'où quelques flash backs.
En revisitant le passé il ne faut pas s'étonner : la réinvention n'est peut-être pas de ce monde, les clichés visuels ayant la part belle dans ce Lara Croft amélioré. Mais ici les jeux de lumières, la qualité esthétique, le graphisme et les mouvements fluides donnent une dimension particulière, comparé aux récents mangas digérés. Au propos désespérant sur l'avenir de l'homme, au message laissant faire la nature, s'associent des images parfois éblouissantes. Et même de l'émotion.
La seule fausse note dans cette utopie restera finalement ce déséquilibre entre la profondeur philosophique et l'ambition artistique. Les compromis dans un cas comme dans l'autre empêchent Appleseed de n'être autre chose qu'un clone, réussi mais imparfait, de Ghost in the Shell. Les mêmes particules ne produisent pas les mêmes corps. Elémentaire.
 
vincy

 
 
 
 

haut