Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Il ne faut jurer de rien


France / 2005

28.09.05
 



SEXES FRELES





"Quand vous serez grand, vous vous apercevrez que tout en haut du corps d'une femme, il y a une tête !"

Une comédie costumée de plus servie au menu de nos traditionnelles franchouillardises ? Pas totalement faux, Il ne faut jurer de rien composant dans un genre largement exploité, devenu sous-genre tricolorié post Révulsion Française, entre mesquins gentilshommes et libertinages perruqués. Drôles de cocardes qui, en elles-même, ne nous surprennent plus guère. Mais, on ne sait jamais… Il ne faut jurer de rien. Qui sait ? A commencer par notre mélancolique Musset, qui créa le personnage de Valentin au plus vifs de sa déchéance affective. Le film d'Eric Civanyan en est très librement adapté. Très lointainement, bien sur, posant le féminisme et la peur d'aimer comme décors propices à jouer au chat et à la souris. L'époque s'y prête, déguisements, faux-semblants et goût pour l'interdit à l'appui. Le cinéma français aime à charmer par ces ébats froufrous. Un énième redite du genre ? Pas totalement vrai. On occultera, entre autres toiles, les précédents Mariés de l'an II et Ridicule, sans parler de notre éternelle et transgénérationelle Folie des grandeurs, aussi casé soit le film et Picsou pathétique le personnage de Jugnot. Héritage, sans doute, de son époque café théâtre. Reste qu'il ne faudrait pas en abuser. Un certain conformisme moralisateur commençant à pointer bien plus que le bout son nez. Rien d'étonnant donc si l'on s'accrochera à Jean Dujardin, boosté au même performances scéniques, quelques prédispositions athlétiques en plus. Le ton est donné.
Pari d'amours et leçons de séduction. Au-delà du défilé costumé, Il ne faut jurer de rien est une vraie comédie romantique. Plus proche de Cartouche qu'un Fanfan national. Mélanie Doutey en belle et effrontée Claudia Cardinale ? On en est pas loin. La jeune comédienne excelle, grâce et pétillant naturel dans son sillage. Jean Dujardin en Bebel des années 60 : c'est envisageable ! Un loulou grand écran, prince non charmant à croquer investi dans un rôle physique : après Brice de Nice et L'amour aux trousses, le comédien nous rassure, réaffirmant les potentiels qu'on lui devinait après Mariages!. A suivre… D'ici là place aux amours espiègles soutenus par la fougueuse mise en scène d'Eric Civanyan. Priorité à l'action, aux mouvements enchaînés. Bonnes énergies ludiques en perspectives. Un chat, une souris, un quinqa opportuniste, une baronne sur la paille, une maison close : gauche, droite, de bas en haut, sa caméra balaye les décors, coure après les costumes dansant, couleurs de foires et autres sprints épicuriens. Un bal multicolore un brin empressé. Notre carrosse manquera quelques virages. Situations fortuites, articulation facile, contextes arbitraires (Haussmann), anachronismes (Les Galeries Lafayette ont été crées puis étendues en 1893), panne de dialogues. Lamartine en script doctor : "Un seul être vous manque est tout est dépeuplé". Ironie, bien sur. Mais on frôlera la dramatisation théâtrale en dénouement. Oups. Le piège à souris se referme. Où sont donc passés nos jeunes effrontés heureux au jeu comme en amour ? Ils visaient pourtant à parier audace. Sage évolution. Le conte ne sera pas enfantin, juste trop orthodoxe et méthodique. De beaux décolletés XIXè à l'époque du string. Pas sûr que la demande se fasse si pressante. Jurons qu'il divertira, en couple, en famille, suivant ce beau précepte nous inculquant que la femme est l'avenir de l'homme. Ah ! Traditionnelles comédies romantiques !
 
Sabrina, Vincy

 
 
 
 

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