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PETITES CHOSES, GRAND-MERE
Le charme indéniable de Jiburo tient pour beaucoup à la simplicité radicale et affichée de ses intentions. Il y a une volupté certaine à se laisser aller aux circuits délicats d’une histoire élémentaire, aussi minimaliste soit-elle. Mis à part une courte escapade dans le village voisin et quelques péripéties bucoliques avec une vache d’humeur chafouine, Jiburo se contente de faire la chronique des innombrables gestes archaïques de cette grand-mère, confrontés au regard contemporain du jeune citadin. Sans aucun esprit documentaire, la réalisatrice fait, au contraire, de chacun de ces rituels un sous-récit, une historiette à la Tati et évite ainsi la lourdeur pittoresque. Sans jamais, cependant, faire preuve d’une créativité débordante, ces saynètes, souvent à l’échelle du plan, trouvent une justesse toute prosaïque.
S’il n’est désagréable à regarder pour personne en particulier, Jiburo est à recommander spécialement aux plus jeunes. Il seront, sans doute, ravis de découvrir que le cinéma ne se résume pas aux aventures d’animaux en images de synthèse.
Le petit garçon, aussi pénible soit-il, est projeté dans un monde qui lui est inconnu. En bon citadin, il se réfugie d’abord dans le divertissement et le jeu permanent, obnubilé par sa console de jeu et ses cartes de super-héros ; des préoccupations dans lesquelles pourront se reconnaître la plupart des enfants occidentaux.
Comme pour l’éventuel spectateur sceptique, le programme qui attend Sang-woo et ses promesses d’ennui, lui paraîtront douceurs une fois ses yeux ouverts par la bonté de la mémé.
Dès lors, la curiosité est piquée par la nature et le quotidien ancestral de cette campagne coréenne.
Alors, si la mise en scène n’est jamais très inventive, si les situations ne sont pas toujours aussi drôles que prévu, Jiburo n’est jamais ennuyeux ni antipathique. Quelques séquences néanmoins, par excès de simplicité, manquent de subtilité. Le début notamment, le comportement peu nuancé du garçon, qui draine de fait quelques stéréotypes, risquent l’infantilisation du spectacle. Mais tout de suite, la présence muette de la vielle dame, mémoire ambulante, rattrape les maladresses du petit, lui faisant une leçon aimable de naturel filmé, comme un témoignage d’amour de plus. Preuve qu’un film peut, sans mièvrerie, étaler ses bons sentiments en public. Souhaitons donc que Jiburo rencontre le sien. Axel
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