|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Il était une fois dans l'Oued
France / 2005
19.10.05
|
|
|
|
|
|
LES ENFANTS PERDUS DE LA CITE
« - Johnny ! Tu montes ! Ta mère à préparé une choucroute.
- Non mais ça va pas ! Je suis un muslim moi, je vais pas casser mon jeun avec du porc ! »
La réussite relative d’Il était une fois dans l’oued tient pour beaucoup à l’élégante humilité de son programme. Pour une fois, les cadors du one-man-show ne sont pas réquisitionnés (ou si peu). Il va sans dire que les comédies qui s’adressent à la jeunesse ont bien souvent pour habitude de soigner à l’excès leur emballage. Le name-dropping dès l’affiche, le recours systématique aux coutumes télévisuelles contribuent généralement à la séduction de l’ado en mal de distraction. La course est engagée depuis longtemps : qui du film, du jeu vidéo, des VRP de maison de disque déguisés par TF1 en apprentis chanteurs investiront l’attention et le porte-monnaie de cette dite jeunesse. Tristes comédies des promesses non tenues, dans lesquelles le rire voudrait se faire passer pour un cri de ralliement, une identité collective repassée par le fer géant de la pop-culture. Réjouissante est donc l’absence de promesse du film de Bensalah, qui a peut-être compris avec Le Raid que lorsqu’il y a trop d’emballage, il y a moins de place pour le produit et que la déception c’est l’enfer d’un film.
En matière d’emballage, Julien Courbey en djellaba, on a vu plus épais. Pour autant, cette sympathique tête de salade, en perpétuelle expectative d’un taquet sur l’arrière du crâne, remplit à l’aise l’espace qui lui est imparti dans le film. Par delà sa silhouette jovialement souffreteuse, il est confondant de sincérité et donne une impression de facilité à l’entreprise notoirement absurde qui est racontée. Alors qu’absolument tous les éléments qu’il rencontre, personnages ou situations, lui donnent tort, il parvient jusqu’au bout à faire planer le doute, dans l’esprit du spectateur, quant à ces origines réelles. Dans le récit, son personnage est convaincu d’être algérien au point qu’à terme, la question ne se pose même plus pour tous les autres. La vérité, la réalité s’efface derrière un mensonge, un songe qui, au fond, n’engage à rien.
Courbey papillonne et fait preuve, avec Bensalah, d’une autre habileté, presque une politesse : celle de ne jamais rappeler au bon souvenir du spectateur, par quelque gros clin d’œil, le tragique ou le pathétique du personnage. Si une tristesse affleure parfois, en particulier dans cette scène où, par le plus grand des hasards, Johnny tombe sur le village dont il possédait la carte postale de ses origines, c’est toujours avec l’ambivalence et le doute illusionniste qui fait toute l’essence du cinéma. Il était une fois… fait l’expérience rare d’un anti-cynisme radieusement démodé, revenu de rien, presque enchanté : Johnny croit en lui-même comme on croit en un film.
On oubliera alors un twist final super-attendu (deux fois) et la relative faiblesse du personnage de Yacine, tout aussi principal mais bien moins primordial. Son trajet, sa rédemption facile, à peu près chacun de ses gestes se dissolvent dans un académisme hollywoodien peu vraisemblable mais probablement nécessaire à l’équilibre bancal de ce joli film. Axel
|
|
|