|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Red Eye
USA / 2005
26 octobre 2005
|
|
|
|
|
|
Y A-T-IL UN GURONZAN DANS L'AVION?
"Qu'est ce qu'il y a encore?
- Vous m'avez frappée et cognée contre un mur, vous vous rappelez?"
Il n’a pas résisté. Malgré l’insistance avec laquelle il a rappelé, lors d’ interviews et dans sa note d’intention, que Red Eye "n’a plus rien à voir avec l’horreur". Wes Craven ouvre et ferme son thriller psychologique sur des scènes qui trouveraient parfaitement leur place dans l’un des Scream : un homme est chez lui, il ignore qu’une autre personne s’y trouve au mÍme moment, pleine de mauvaises intentions. Une jeune fille court à perdre haleine pour échapper à un meurtrier que rien ne semble pouvoir arrêter.
Au fond, peut-être aurait-il mieux valu que tout le film se déroule ainsi, avec moult courses-poursuites et de l’hémoglobine en veux-tu en voilà. Le scénario était pourtant prometteur. Un huis-clos aérien, deux personnages qui s’affrontent à l’insu de centaines de passagers, voilà des contraintes qui auraient pu donner naissance à une histoire dense et originale. Mais bizarrement, on n’est que très peu concerné par ce qui se passe au cours de ce red eye Dallas-Miami. Les acteurs font ce qu’ils peuvent pour retenir notre attention. Rachel McAdams assure en wonder-woman sexy et Cillian Murphy n’a qu’à serrer un peu les mâchoires et lancer des regards noirs avec ses beaux yeux bleus pour qu’affleure puis déborde toute sa violence latente. Ce n’est de fait pas leur jeu qui est en cause, mais plutôt la façon dont leurs personnages ont été écrits. Tous deux sont en effet ultra lisses, là où on aurait pu s’attendre à une vraie noirceur, à des personnalités troubles, à des blessures profondes. Jackson Rippner et Lisa Reisert sont juste des pros, pour qui seul importe le job bien fait†: celui de mercenaire moderne, de "troubleshooter" (expert en crise) dans un grand hôtel ou encore celui de gentille fille à son papa. Voilà qui manque cruellement d’émotions vraies.
L’enjeu du coup nous paraît bien moins important. Papounet risque de se prendre un balle dans le tête alors qu’il lit tranquillement son journal au coin du feu ? Bah, pas si grave que ça. Et puis, on n’a pas non plus très peur pour la belle héroïne puisqu’on sait que Jackson a intérêt à ce qu’elle reste en vie. Du moins jusqu’aux trois quarts du film, jusqu’à ce que sa mission soit accomplie. Et ce n’est qu’à ce moment, alors que le film touche à sa fin, qu’on commence à s’agripper aux accoudoirs. Quand le thriller psycho à deux francs laisse place à l’action. On a alors droit à une belle explosion avant de partir totalement en vrille avec une traque cartoonesque particulièrement invraissemblable qui déclenche le rire plus que ne distille purement de l'adrénalyne.
Force est pourtant de constater que ce grand final burlesque digne d’un bon film de série B ne correspond en rien au côté très sérieux que le maître de l’horreur a voulu donner à son premier thriller. Le nom du personnage qu’interprète Cillian Murphy et celui du bateau des terroristes (vers la fin du film) apparaissent d’ailleurs, à la lumière de ce constat, comme des clins d’œil farceurs que ne pourrait s’empêcher de faire un petit garçon facétieux essayant de faire bonne impression en classe, parce qu’il envie ses camarades dont les tableaux d’honneur provoquent l’admiration générale. Ce n’est en tout cas pas cette fois que l’élève Craven remportera le prix d’excellence pour le meilleur thriller psychologique. asha
|
|
|