Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Zaïna, cavalière de l'Atlas


France, Allemagne / 2005

26.10.05
 



ENTRE CIEL ET FERS





"Crie de toutes tes forces. Laisse-le s'envoler."

Beaucoup parlent de "western couscous", d'après les propres termes du réalisateur. Un clin d'œil ironique de Bourlem Guerdjou se référant à la phase d'écriture de Zaïna. A l'arrivée, une expression reprise au pied de la lettre qui, reconnaissons, ne met pas forcement en appétit au grand écran. Parlons de conte, de film d'aventure, de western, en effet, mais seulement d'un point de vue esthétique, Zaïna dessinant une relation concrètement symbiotique entre ces spectaculaires paysages de l'Atlas et son histoire. Des images simplement sublimes, loin des clichés traditionnels et autres touches exotiques dénaturantes. Plan panoramiques, finesse des mouvements, variations et soucis du détail : des ces contrées sauvages aux espaces villageois confinés, Bourlem Guerdjou nous donne à voir du beau spectacle, en chants et musiques orientales des plus envoûtantes. Une ode à la nature, qui portera celle-ci au rang d'entité à part entière, bonifié par la transmission de trésors culturels ancestraux resurgis du temps où Marrakech n'était qu'un petit village parsemé de tentes. Animaux légendaires, vie nomade en tribu dans le désert, combats de sabre dans les règles de l'art. Il sera ici à la fois question de retour aux sources, à la vie, et de survie en milieu hostile. Place aux figures de style, bien sur ; nous évoluons dans un conte et il faut bien susciter notre imaginaire. Le réalisateur y parvient avec grande justesse, sans excès et, sauf dénouement romanesque, sans pathos. Ce qui était loin d'être acquis, deuil, rivalité et culpabilité constituant les donnes premières de cette aventure. Un éventail propice à quelques débordements. A l'écran, un traitement épuré, ancré via un langage, via des faits et sentiments formellement universels et atemporels, ici rythmés à l'image de la vie. Des choses aussi tragiques qu'élémentaires ; la mort, la souffrance. Aussi fécondes qu'élémentaires : la filiation, l'apprentissage, l'amour. Le tout, bien sur, toujours en indissociable liaison avec mère Nature.
Aucune place à l'artifice dans cette histoire de père et fille qui apprendront à s'apprivoiser. Leurs mouvements, corps, gestuelles, regards et silences contiendront toute l'émotion du film, garants des cheminements spirituels de chacun. Autant dire que le duo Sami Bouajila / Aziza Nadir réalise un sans faute. L'évolution sera subtile, faite de mutations en catimini et prenants élans. De vraies énergies et de l'oxygène conté, malgré ce récit plutôt binaire, usant de conventions et parallèles annoncés. Mais n'oublions pas : nous sommes toujours dans un conte. Avouons que le final nous paraîtra invraisemblable. Apothéose dont on se serait bien passé. Certes, les "Il était une fois" se finissent rarement en sous-régime. A vous de voir, de préférence essentiellement à la féerie.
 
Sabrina

 
 
 
 

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