Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Animal Farm (La ferme des animaux)


/ 1954

26.10.05 (DVD)
 



PIG BROTHER WATCHING YOU





"Aucun animal ne devra tuer d'autres animaux. Tous les animaux sont égaux."

Si ce film d'animation a 50 ans, il garde encore toutes ses dents. Certes le dessin en 2D, les couleurs pastels assez ternes nous montrent qu'il a pris de l'âge, loin des images de synthèses très colorées ou des Disney sophistiqués. La ferme des animaux pourrait même nous paraître primitif.
Mais pour une fois les animaux ne sont pas des rôles secondaires ou des accessoires comiques. Ce sont les personnages centraux. Il y a bien quelques humains, mais ils sont vite incompétents, corrompus ou exclus. La ferme des animaux est une fable au croisement de La Fontaine et de Tex Avery. Satirique, politique, critique. La mort rode et elle intervient à chaque fois que le corbeau apparaît. Métaphore cruelle. Le message est signé George Orwell, une vision pessimiste de la société humaine, à l'époque sortant du joug nazi, subissant la tyrannie communiste, effrayée par les méthodes obscures de la CIA et du McCarthysme.
Entre les messes manipulatrices où l'on promet la semaine des 10 heures et les discours populistes vantant la pensée unique, de révolution prolétarienne en travaux forcés, le dessin animé montre bien que le réalisme n'est pas accepté par le "peuple", qui va préférer s'aveugler devant les actes égoïstes d'une Nomenklatura, ne clamant que des mensonges.
Il est étonnant de voir à quel point tout cela fait écho à notre société. Serions-nous dans les prémices d'un temps des despotes? "Innocents et coupables subirent le même sort." Forcément quand on réécrit, à sa convenance, les constitutions, en adaptant au contexte ce qui devait être immuable, cela permet de tordre le cou à n'importe quel contestataire.
Ce qui fait froid dans le dos n'est pas seulement l''aspect contemporain, si actuel, de l'histoire d'Orwell. L'écho ne serait rien sans le procédé employé. De Bush à Poutine, de certains des politiciens français du moment à leurs opposants, nous y voyons surtout une méthode systématique pour s'emparer du pouvoir, le conserver et asservir les masses. Crimes et charognards. Même le corbeau se cache devant le génocide... Tout cela au nom du profit, du commerce, de privilèges égoïstes. "C'est une révolte? Non c'est une révolution." La fin essaiera quand même de nous "optimistiquer" ; mais comment y croire puisque nous perdons si vite la mémoire, nous n'apprenons rien de l'Histoire.
L'espoir des Lumières et l'utopie socialiste sont vite étouffés par l'armée des ombres et l'antipathie fasciste. Un dessin animé qui rend plus intelligent qu'anarchiste, cependant. Parce que ces animaux sont si humains, se battent pour des causes, ne cherchent pas un rêve individualiste et matérialiste; mais juste une auto-suffisance paisible, une coexistence où un chat peut dormir en paix (et non mourir gratuitement) et un cheval se pacser avec son âne. Si la forme a un peu vieilli, la sagesse de ce vétéran de l'animation est toujours aussi belle, intéressant.
 
vincy

 
 
 
 

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