Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Saint Ralph (Ralph)


Canada / 2005

02.11.05
 



DE CES TEMPS A IDOLES





"Comme dit votre ami Nietzsche, je cite : 'Anarchistes et chrétiens ont souvent une origine commune'. J'essaye d'être les deux !"

Leçons de bonne morale nietzschéenne dans une Amérique bridée par ses dogmes religieux. Jeunes esprits rebelles, élevés au grain dans ces couloirs de old schools catholiques guindées, à vos destins ! En cette année scolaire 1954-55, les saints patrons veillent, "contre la tentation", soignant les "causes désespérées", éclairant "les apologistes"... Chaque mois arrivera chapitré par son guide spirituel. Caustique progression de cette entreprise, rappelons-le canadienne, formellement découpée en "actes de foi" pour insuffler dimensions tant ironiques qu'humaines à son histoire. Le minimum vital pour prôner la candeur de notre jeune héros prématurément écorché. Saint Ralph de son titre vo… Traverses annoncées : notre ingénu finira mentor. Le comment tiendra en cet art de tourner drames à la dérision : magie de l'age tendre, dédicaces anticléricales, insouciance contre tout entendement et, mine de rien, vanité du contexte politique de l'époque. Quand la spontanéité vient en remède à l'archaïsme social. On s'accordera à dire qu'il n'y a ici rien de bien novateur. La recette a maintes fois fait ses preuves et, reconnaissons-le, de manière plus touchante. Dans le genre, poètes et artistes en tous genres ont déjà brillamment étrenné le grand écran et ce n'est pas un "Cours Walker, cours !" qui donnera le sentiment d'être chez Zemeckis, aussi nature soit notre jeune Ralph, par ailleurs éminent laissé pour compte et adorable dissident. Qu'a cela ne tienne ! Ca vaudra bien quelques coups de folie pour prévenir des coups de blues, en attendant le miracle.
En dépit de son sujet, le film sonnera étonnamment juste, exempt de tout sentimentalisme ou quelconque gratuité. Performance subséquente à son casting de poigne, bien sur. Aventure ici légère, là grave et posée mais toujours endurante, porté par un jeu d'acteur vif, frappant à l'essentiel jusqu'aux rôles secondaires. Point de tergiversations. Une partition expressément rythmée ; de percutants dialogues. On regrettera toutefois que l'enchaînement reste excessif jusqu'à mi-durée, le tempo désincarnant quelque peu notre jeune héros, ses difficultés, réflexions et pertes de repères. Usant de réaffirmations contextuelles et comique de situation, le scénario tardera à nous toucher, promenant notre candide entre délices d'ado, réprimandes et soif d'évasions. Un jeu d'esprits frais contre âmes primaires qui, à défaut de nous envoûter, apportera chaleur et originalité de style : doux exutoires, indispensable immersion naïve et frivole avant le grand saut, avant l'espoir à corps perdu sublimé par la sincérité de chacun. Que de faits et sentiments forts, un optimisme de chaque instant qui posera le drame en catimini pour ne faire éclater que la force de ses protagonistes. Aventure juvénile ? Assurément pas, tant le film ira au devant des ces choses essentielles - essentiellement humaines - se jouant, en ses fonds et formes, de dimensions principalement dogmatiques. Après tout, "Pourquoi courir, si ce n'est pas après un miracle !". Le principe est vital : s'abandonner, se laisser guider par son instinct, garder foi et défier... Dialogues entre ceux qui ne croient plus en rien contre ceux qui n'ont plus rien à perdre. Un portrait strident et finalement très actuel d'une Amérique ligotée par ses propres certitudes, loin des récurrentes simulations d'Hollywood.
 
Sabrina

 
 
 
 

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