Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La Boite noire


France / 2005

02.11.05
 



AUTOBIOGRAPHIE D’UN AMNESIQUE





« Il y a trois personnes très distinctes en chacun de nous : celle qu’on voudrait être, celle qu’on croit être et celle qu’on est vraiment. Les deux premières nous sont très familières, la troisième nous est totalement inconnue. »

Pour son premier film de genre, Richard Berry ne prend aucune pincette pour se vautrer allègrement dans le canapé scénaristique de la mémoire. L’oubli sur fond de psychanalyse est sans égal parmi les sujets, thèmes et ficelles du thriller moderne. De l’amnésie totale à l’inadvertance passagère, la grande fabrique ésotérique qu’est le film noir ne nous épargne aucune modalité du souvenir pour nous titiller la curiosité. Quel que soit le résultat, Berry a raison de s’attaquer frontalement à cette spécialité hollywoodienne, que nous autres Français introvertis du stylo avons du mal à affronter sans complexes. Sans doute, « travailler un genre de l’intérieur » est-il inséparable d’un lieu, d’une géographie américaine sans laquelle aucune intériorité n’est possible. La Boite noire, hélas, est tellement décomplexée qu’elle frôle parfois l’exubérance.

Il y a deux parties clairement distinctes dans ce film. Mais pour ne pas déflorer la surprise d’un certain changement à mi-film, il conviendra ici de rester assez vague. Si le scénario de la première moitié est assez classique, sa mise en scène et son imagerie atteignent un degré d’outrance rarement vu dans le cinéma français. Quasiment chaque plan est saturé d’une pesanteur visuelle accablante. A grand renfort d’effets de toutes sortes et de décorum cheap, Berry s’amuse à enfoncer le clou de la série B coûteuse à l’atmosphère résolument irréelle. La laideur relative (selon les affinités esthétiques du spectateur) de cette première mi-temps peut agacer, d’autant plus qu’elle emprunte tous ses éléments au grand réservoir à cliché hollywoodien. La rue parisienne étrangement vide, les murs de l’appartement placardés des mots de sa « boite noire », le flic qui se prend pour Al Pacino, la vielle mère psychotique, tout y est. Mais alors, comment le film parvient-il à se sauver ? Tout simplement, en se justifiant.

Ces trois premiers quarts d’heure, heureusement, ne sont pas qu’une fabrique à ambiance. Le fourre-tout baroque avait une raison d’être. Les nombreuses facilité d’écriture sont oubliées puisqu’elles sont comme dépossédées de ses auteurs et assumées par le personnage lui-même. L’idée de faire d’Arthur l’auteur involontaire d’une partie du film, libère le spectateur et légitime le trop plein de cinéma, l’overdose de ses images et de ses codes, dont chacun de nos esprit peut être la victime en sommeil. De là commence donc un nouveau film. Plus amusant, mieux joué, La Boite noire devient presque léger et bondissant, ce en quoi il se différentie des secondes parties de thrillers traditionnels. Alors Berry ne va pas jusqu’à rechercher un soudain réalisme à la française mais les décadrages et autres contre-plongées incessantes cèdent la place à une moindre émotivité de la mise en scène et une plus grande attention portée à l’action. L’enquête d’Arthur peut alors aboutir tranquillement, au prix, pour le spectateur, de quelques révélations prévisibles.

Saluons tout de même l’audace relative qu’il faut aux scénaristes et cinéastes français pour se confronter au thriller, sachant qu’ils font rarement recette. La Boite noire est fort d’un scénario carré et crédible. Cependant, il reste une question en suspend : la première partie est-elle volontairement laide ?
 
axel

 
 
 
 

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