Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Doom


USA / 2005

16.11.05
 








MARCHE ET CREVE

"On est des marines, Sam. Pas des poètes..."

De la vague opportuniste et illusoirement inspiratrice des jeux-vidéo qui déferlent sur Hollywood depuis une demi-décennie, on accordera au moins à « Doom » le bénéfice d’en être la plus respectueuse transposition. Mais le fallait-il ? « Doom », le jeu, s’appuie sur un élément déclencheur et prétexte à guider très linéairement le joueur dans un dédale de couloirs sombres d’où surgissent des vagues d’ennemis à dégommer à l’aide d’un arsenal d’armes de plus en plus sophistiquées. Dès lors, lorsqu’un film de 1h45 applique à la lettre le concept initial pour le restituer à la grammaire et à la dramaturgie cinématographique, on est en droit de s’interroger quant au bien fondé de l’ entreprise. On admirera certes le travail de l’équipe artistique et sa reconstitution au boulon prêt de décors autrefois pixélisés, la prédominance de l’ombre au cadre et ses promesses inquiétantes, les intarissables performances de Stan Winston et son équipe à transformer plusieurs kilos de latex et quelques rouages en créature maléfique, demeure un hiatus essentiel : où diable est passée la manette ? Ceux qui, petits ou grands, ont eu l’expérience de la frustrante position du grand frère ou du père spectateur d’un gosse s’éclatant sur sa console en nous l’interdisant auront une idée de leur future expérience face au spectacle de « Doom ». Nul scénario auquel se raccrocher, donc aucune perspective d’intervention intellectuelle et sensitive (on sait qu’ils vont tous y passer) et exemption d’identification à des figures plus que des personnages, The Rock ayant le pseudonyme adéquat à la gamme de son interprétation.
Boudieu ! Ces gens-là jouent tous seuls !
Dès lors, passée la énième explosion-meurtre-arrachage de tripes-fauchage de super mitrailleuse, c’est dans l’adversité que l’on tente de garder l’œil ouvert devant un tel métrage aux bobines interchangeables, regrettant quelques films underground new-yorkais aussi expérimentaux dans l’ennui mais un peu plus silencieux.
Et puis surgit la sublime audace ! La transgression impossible de la frontière entre génie et mauvais goût, le comble et l’intransigeante perspective d’un cinéma en berne. Soudain, au court d’un long (faux) plan-séquence, l’écran large se transforme en celui du game-play, canon de l’arme en premier plan, vision à la première personne, panoramiquant à tout va et shootant tout ce qui passe à sa portée, dans le vain espoir de retranscrire la sensation du joueur, ce dernier
malencontreusement, s’il fallait le rappeler, par définition passif. Et de soudain peut-être regretter que Doom n’ait été filmé par ce seul artifice, comme le fit autrefois, quelques balles en moins, Robert Montgomery pour « La dame du lac » d’après le roman de Dashiell Hammet. Acteur-réalisateur, Montgomery proposait au spectateur de 1946 de suivre l’intrigue à travers son unique regard, en caméra subjective constante, pour finalement vérifier avec ce retentissant échec que le public ne peut s’identifier à quelqu’un qu’il ne voit pas !
Dès lors, ce « Doom » qui s’avère en définitive être un patchwork malencontreux entre « Aliens » et « Résident Evil » aurait pu rendre hommage aux audacieux qui dans l’erreur permirent au moins au cinéma de s’interroger. Doommage…
 
Arnaud

 
 
 
 

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