Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 30

 
In her Shoes


USA / 2005

16.11.05
 



WONDER GIRLS





"Même si c'est embarrassant à dire, là, actuellement, je bande."

In Her Shoes commencerait presque comme n'importe quelle comédie romantique américaine. Une rivalité (trop) contrastée entre deux soeurs que tout oppose, l'une analphabète cherchant à ne pas être une simple bombe sexuelle, l'autre bûcheuse et rêvant de devenir bête et amoureuse. Relations conflictuelles, jalouses, et pourtant assez plates. Trop engoncé dans une apparence "classiquement" hollywoodienne. Ses filles à côté de leurs pompes n'ont rien qui les relient - hormis ces fameuses chaussures, mais c'est finalement assez accessoire - et rien tout qui nous ennuie. Comment se tirer de ce mauvais pas?
Il faut tout le talent de Curtis Hanson, cinéaste autrement plus doué et passionnant qu'un Cameron Crowe, pour tirer le film vers le haut et dans d'autres registres, malgré les épreuves imposées. En les séparant violemment, il obtient ce qu'il veut : un drame psychologique teinté d'humour et de relativisme; le film dépasse le clivage "fraternel" pour fouiller dans les racines du mal. Celles qui font germer nos angoisses, nos blocages. Le manuel pour apprendre à les surpasser s'avère plus intéressant que l'idée de finir par un happy end de retrouvailles. Car cela ne se fait pas tout seul, cela demande même l'aide des autres. Et donc un (des) dialogue(s). Le film se scinde alors à suivre les deux personnages, interprétés avec charme et talent par Collette et Diaz. Nous observons cette reconstruction d'identités, objet des meilleures séquences du film (soit à peu près la moitié centrale du long métrage). Les caractères sont bien croqués et, surtout, le portrait des deux générations (les trentenaires et les retraités) bien dessiné. Notamment ces petits vieux de Floride. Le cinéaste est inspiré, n'hésite pas à leur donner la vedette et trouve ici une manière de prolonger son tableau d'une Amérique "personnifiée" à travers ses castes, après celle des flics ou des jeunes de banlieues. Ce sera d'ailleurs l'occasion pour Diaz d'étoffer un peu son jeu, sans doute mise au défi par une Shirley MacLaine qui sait encore séduire et voler la vedette.
L'expérience! C'est aussi le message du film : donner sa chance à l'action, aux rencontres, à ce qui peut nous transformer. Collette aura, elle, le droit à un avocat bon vivant et aguicheur. L'acteur, Mark Feuerstein, apporte un air vivifiant dans le film, et permet de ne pas faire baisser la tension lorsqu'on déménage à Philadelphie.
En insérant une touche personnelle plus sensible qu'émouvante, Hanson permet de gratter le vernis de la production des studios.
Même si on y retrouve un schéma (seconds rôles forts, narration sans surprise), ce qu'il amène est une critique, en creux, d'une césure dans les relations humaines entre les parents et les enfants voire les petits-enfants. "Lisez les magazines de mode, surfez sur internet, regardez les films porno sur le câble" conseille-t-on à une mamie. En remettant le partage d'expérience et l'apprentissage de l'histoire (personnelle) au coeur de son processus de maturité (et donc de sagesse), le réalisateur n'utilise aucun autre effet que la parole humaine pour que l'on puisse grandir.
Car un héritage génétique et éducatif peut mener à deux voies distinctes (l'une responsable et s'investissant trop dans le travail, l'autre inconsciente et pariant sur la futilité et l'apparence) à Hollywood, il faut arriver finalement, fatalement à un juste milieu. Thèse, antithèse, et donc synthèse, entre romance et réalité. Léger sans être punchy, intense sans verser dans la guimauve, In her Shoes finit pieds nus dans un bar jamaïcain. Déraciné. Mais au soleil. De quoi faire pousser de belles plantes, blondes ou brunes, peu importe.
 
vincy

 
 
 
 

haut