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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Family Stone (Esprit de famille)
USA / 2005
28.12.05
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ANTI BUSH DE NOEL
"- Comportons-nous en famille civilisée!"
Esprit de famille est un produit calibré pour les fêtes. Normal, toute l'action se passe durant Noël, et ça sent sérieusement le sapin. Derrière cette apparence de comédie à l'américaine, le genre de "feel-good-movie" comme on dit, un film où lorsqu'on en sort, on se sent bien, malgré les larmes, les rires..., il y a un propos, pas forcément subtil mais clairement ciblé. Dans l'idée de comprendre cette Amérique scindée en deux politiquement et idéologiquement, Thomas Bezucha prend partie pour une famille "démocrate". Tout le monde s'aime : le sourd homo (et son copain black), le cinéaste cool, le rêveur sérieux, la rebelle égoïste, la pondeuse de la fratrie, et même Annie Hall vieillissante ... La segmentation est bien faite. L'identification sera facile. Les sentiments sont forcément bons.
Mais la comédie flirte avec le mélo et même le dramatique. La scène du dîner familial a son Judas, et se transforme en malaise. En insérant deux tumeurs dans son scénario, Bezucha se permet un film en forme de montagnes russes émotionnelles. De quoi contenter tous les publics. Avec cynisme, nous pourrions croire que tout est trop "gros". Mais le plaisir l'emporte : les personnages sont attachants, et la méchanceté n'est pas absente. Première tumeur : une maladie cancéreuse qui va tuer l'un des protagonistes "bon". La famille démocrate va perdre un de ses piliers, ses repères, va commencer à avoir peur. A pleurer sur une époque révolue. Seconde tumeur : la nouvelle copine du fils préféré, le futur politocard. Une républicaine. Stricte, matérialiste, addict au business, coincée, névrosée. Formatée par une éducation, un système. Ne comprenant pas les différences humaines, n'ayant aucune expérience de la vie. Incarnée par Sarah Jessica Parker, cette bonne femme antipathique et jolie reflète une Amérique dure et intolérante. Ses propos homophobes et ses réactions puritaines nous mettent mal à l'aise. C'était le but. Il n'y aura pas de cadeaux pour la pro-Bush. Elle sera rejetée dans un premier temps. Et elle va ramer (cinématographiquement, elle va finir tachée, humiliée, ringardisée) pour être sauvée (c'est à dire remise sur le droit chemin).
Mais l'esprit de Noël, comme l'esprit de famille, c'est justement d'accepter les individus tels qu'ils sont. La comédie dramatique est là pour faire jaillir notre générosité, notre amour du prochain. Alors que de nombreuses comédies (mais pas seulement) réveillent des valeurs "chrétiennes", et surtout très conservatrices, The Family Stone a l'avantage d'assumer ses excès et transmet une vision de la société moins discriminatoire. Cela peut expliquer son succès inattendu dans une Amérique qui cherche de plus en plus à comprendre les racines de son mal, et notamment la réélection de Bush. Efficace, même si cela semble un peu naïf. Un joli scénario, des interprètes idoines compensent une mise en scène sans doute trop convenue. Mais peut-être qu'il faut ce conformisme dans l'apparence pour faire passer la subversion (light) de certains messages. En s'adressant au plus grand nombre, le réalisateur manque un peu d'audace, mais, malgré tout, il ose tenir des propos pas forcément corrects qui révèlent nos pensées inconscientes. Et nous renvoie notre sectarisme. L'esprit justement c'est un lien qui transgresse les barrières.
Pour les gens comme pour les films, il est important de ne pas avoir de préjugés. Changer les gens (et les films) paraît hors de portée. Les accepter pour ce qu'ils sont, c'est déjà énorme. Comme les ficelles de ce genre de comédies sensibles. Comme le fait d'avoir un film qui renoue avec un certain humanisme. Ce n'est pas du Jaoui / Bacri ou du Lubitsch, mais c'est toujours mieux que la plupart des films américains où tout le monde il est beau, tout le monde il est blanc, tout le monde il est gentil. Le monde il est pas gentil justement. Vincy
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