Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Nanny Mc Phee


Royaume Uni / 2006

08.02.06
 








SUPER NANNY

Avalez-moi ça, il y a rien de tel que le dindon, ça vous met du poil au torse

Prenez un conte de fées, ajoutez-y une pincée de poudre de perlimpinpin, versez une larme de Mary Poppins , mélangez, mettez au four et vous obtiendrez Nanny Mc Phee . Le film sorti des founeaux du chef Jones a du goût, et plaira probablement à nos chères têtes blondes.
La pâte qui sert de base à cette recette est le conte de fées. Les fondamentaux en sont respectés et permettent au film de toucher l’inconscient de tout petit d’homme construit sur un schéma familial nucléaire. Il y a là le père veuf, les sept orphelins (les sept nains !), la jeune servante aspirant à devenir princesse, la figure maternelle / féminine menaçante (la potentielle belle-mère insupportable et l’odieuse Tante) etc.
L’originalité de ce conte de fées-ci repose sur le personnage même de Nanny Mc Phee, bonne fée se cachant sous les traits d’une sorcière très moche. D’habitude, dans les contes de fées, les fées sont des fées et les sorcières restent des sorcières… Nanny Mc Phee représente plutôt la figure de l’être humain provisoirement transformé en bête, qui retrouve ses traits normaux grâce à l’amour qui lui est offert. L’amour que lui accorderont petit à petit les enfants transformera Nanny Mc Phee en nounou « normale ». Une nanny chouette parce qu’elle incarne la nécessaire et salvatrice autorité (qui fait défaut au père) mais garde une douceur toute féminine. On a droit, forcément, à quelques leçons de morale – la nanny est avant tout embauchée pour apprendre aux enfants à se tenir comme il faut - mais on échappe malgré tout aux bons sentiments ou à l’exemple d’une éducation trop policée. Ici les enfants disent des gros mots, et on sent bien qu’aux oreilles de leur super Nanny, pourtant stricte, ce n’est pas si grave. Ils ont le droit d’empêcher leur père de se remarier, mais à condition d’en assumer les conséquences comme des grands. Le scénario d’Emma Thompson insiste sur la nécessité pour les enfants d’utiliser leurs propres ressources et leur intelligence. On a vu pire en matière de morale.

Mais tout cela est bien sérieux et un simple conte de fées, c’est un peu court sous le règne d’ Harry Potter. Nanny Mc Phee est donc adapté à l’air du temps et les tours de magie de cette Mary Poppins d’un nouveau genre sont là pour épater les enfants ou les faire rire. Les couleurs vives (bleus, verts, rouges, violets, roses) des décors et des costumes permettent de rester dans l’ambiance merveilleuse du conte de fées, loin du réalisme brun-noir-gris à la Dickens. Certains acteurs sont maquillés et perruqués de façon totalement outrancière, mais c’est ce qui les rend sympathiques malgré la menace qu’ils représentent. La réalité n’est toutefois pas masquée : dans les scènes à la morgue (toujours assez gaies, pas de panique), on voit vraiment des macchabées.
De la magie, de la féérie, des bêtises, du rire, des larmes, voilà finalement les vrais ingrédients de Nanny Mc Phee , dosés avec subtilité par des acteurs au jeu irréprochable.
 
Asha

 
 
 
 

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