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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Du Jour au Lendemain
France / 2006
15.03.06
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PUTAIN DE BONHEUR
"- Le bonheur ne dure jamais, ce qu’on te donne, on le reprend"
Chaque jour, des milliards d’individus se lèvent et avancent dans la vie, et partent à la recherche du bonheur. Mais que se passe-t-il quand le bonheur tant attendu arrive pour de bon ? C’est cette question que pose Philippe Le Guay avec Du Jour au Lendemain. Une question qui n’est pas sans intérêt, comme l’illustre dans le film le cas (réel) de l’écrivain qui, ayant reçu le Prix Goncourt, tombe dans une profonde dépression. On reste néanmoins ici dans la comédie, comédie « inquiète » selon l’expression du réalisateur, mais comédie malgré tout. C’est ainsi que près des trois quarts du film sont consacrés au parallèle entre la journée du lundi, marquée du sceau déprimant de l’échec, et la journée du mardi, en tous points identique à la veille mais transformée par la douce caresse du bonheur. Ce passage du gris à la couleur, source de nombreux gags, est assez réussi : François Berthier est le même, il vit dans le même environnement hostile, mais au lieu du monde qui l’agresse auquel il est habitué, il découvre la vie en rose. En somme, Philippe Le Gray nous fait un filtre ciné… sans filtre. L’exercice s’étire malheureusement un peu en longueur.
C’est en effet dans le dernier quart que se trouve l’essence du film, ce qui fait son intérêt. L’angoisse s’immisce petit à petit chez Berthier, il cherche à comprendre comment et pourquoi un tel bonheur lui est tombé dessus. Un malaise auquel tous ne s’identifieront probablement pas. Mais lorsqu’il explique « chaque fois qu’il m’arrive quelque chose d’agréable, je me dis que je vais payer l’addition », on reconnaît forcément dans sa propre bouche le goût amer de la culpabilité judéo-chrétienne qui est le lot de la plupart d’entre nous, ainsi que l’arrière-goût qui en reste: la peur de décevoir les autres, et surtout, la peur de perdre ce trésor. L’anticipation de cette perte empêche dès lors Berthier d’appliquer le carpe diem des hédonistes. Il perd du même coup ce bonheur qui lui avait été accordé. L’homme à l’origine de sa propre perte…
On regrette donc que cette jolie réflexion soit traitée sur un laps de temps si court du film, on se dit que la chose aurait pu être faite avec parfois plus de subtilité, et surtout on supplie à genoux : assez avec les comédies musicales ! Le Guay aurait été bien inspiré de zapper la scène chantée et dansée du film, symbole apparemment de l’acmé du bonheur. Un petit bonheur quotidien, tout simple, ça fait du bien. Et au cinéma, une petite scène de bonheur quotidien, sans entrechats ni trémolos dans la voix, ça fait aussi du bien. asha
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