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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Romanzo Criminale
Italie / 2005
22.03.06
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ON ACHEVE BIEN LE RAGGAZZO
"- Commissaire je ne me suis jamais confessé à Dieu, pourquoi je me commencerai par toi?"
Histoire de bande, des chiens fous voyous dans les bas fonds de Rome. Le cinéma italien a toujours aimé ses malfrats et ses déshérités; Scorsese et Tarantino étant passé par là, Romanzo Criminale est fortement influencé, pour ne pas dire américanisé. Même si le cinéaste renvoie son cinéma à des origines plus locales et plus anciennes... Le démarrage essoufflant ne laisse pas trop de répit pour comprendre cette chronique sanglante et macabre. Ne pas quitter l'écran des yeux!
Ce film crépusculaire et romanesque est réalisé sans esbroufe, faisant confiance aux rebondissements du scénario et à un découpage privilégiant le rythme (haletant). Tragédie classique en trois actes, concentré autour de trois personnages clefs aux destins maudits, Romanzo criminale essaie de comprendre, à l'inverse des Meilleures Années, les racines du mal italien. Mais aussi celles du mâle, et leurs différentes aspirations, cette stérilité de la violence, cette impuissance à surmonter leurs instincts - argent, femmes...
Il s'agit aussi de voir la face cachée de cette Italie corrompue, de ses étranges liaisons entre les institutions et les groupuscules, les origines des années les plus sombre du terrorisme local. On est cependant à l'exact opposé du traitement cinématographique d'un Bellocchio dans Buongiurno Notte - puisque les deux films traitent de la même époque et se font même écho à travers l'enlèvement d'Aldo Moro. Cependant Romanzo Criminale "héroïse" ses bandits, beaux et cupides, dont les causes n'ont rien de politique.
Par ailleurs, le film, dans son aspect le plus intéressant, décrypte la logique de groupe, et finalement l'utopie du dit groupe et le triomphe de l'individualisme. L'amitié, qu'elle soit passionnelle ou fraternelle, atteint vite ses limites. Des coqs restent des coqs (qui ici n'aiment pas le poulet, parfait Accorsi). La lâcheté typiquement masculine est le meilleur des déclics pour une série de trahisons, culpabilités, dilemmes.
Le film, à la fois épique et polar, romantique et noir, accroche de bout en bout. Récit terrible, spirale infernale. Personne ne peut plaindre ce gang et ses idées sans idéaux; mais Michele Placido réussit à nous les faire aimer. Empathie qui touche le spectateur, où nulle rédemption n'a pourtant sa place. Le final s'étire hélas un peu, au point, parfois de jouer avec nos nerfs. Le réalisateur a besoin de démontrer que chaque mort, gratuite ou violente, juste ou rancunière, a son poids, son prix. Romanzo Criminale c'est le glissement d'un pays vers une autre époque, la destruction d'un système. Même si le raisonnement est un peu confus - la fin de cette pourriture qui protègeait la démocratie conduirait à la domination des intérêts privés - l'action et les sentiments permettent de relativiser cette réflexion trop froide, trop posée pour être ressentie voire pressentie.
Le discours politique un peu manqué - on fait confiance à Moretti ou Bellocchio justement pour être plus habile sur ce point là - cela ne retire rien au divertissement classique qui nous ramène aux films d'antan avec un trio de racaille, la femme fatale et le flic intègre. Sur-dramatisé certes. Mais captivant. vincy
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