Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Central do Brasil


Brésil / 1998

02.12.98
 



LA FEMME DE RIO

Le livre Bye Bye Bahia



"- Tu promets que tu jures ?

Prix Sundance du meilleur scénario, Ours d'Or à Berlin, doublement primé à San Sebastian ... Central do Brasil réalise un parcours sans faute, aussi bien auprès des professionnels que de la critique et surtout du public. Ce long-métrage est en effet le fruit d'une remarquable combinaison entre une belle histoire, admirablement servie par un scénario sans temps mort, et une étonnante qualité technique. Walter Salles, issu du documentaire, emmène les spectateurs dans un road movie à travers le Brésil profond, loin des clichés habituels de carnaval et de salsa. L'expérience documentaire de Walter Salles lui permet ainsi d'entrer dans la réalité brésilienne et dans la richesse intérieure de ce pays, loin des discours officiels du journal télévisé. Il y a à la fois la violence de la ville, de l'industrialisation et de la compétitivité, et aussi une certaine innocence, une certaine solidarité.
Le film suit l'itinéraire de Josué, à la recherche de son père, et de Dora, et réalise un parallèle entre le cheminement géographique et leur voyage intérieur. Le cheminement de Dora est à ce titre très intéressant. Elle travaille chaque jour à la gare centrale de Rio, cet espace morose où se croisent chaque jour 30000 personnes (les portraits sont d'ailleurs remarquables, et bien mieux filmés que dans Paris de Depardon). Ayant perdu tous ses repères affectifs, elle est devenue aigrie, et fait partie de ces gens qui ont coupé toutes relations avec ceux qui leur sont différents - sa seule amie est sa voisine Irène -, et n'a aucun problème moral à vivre de petites mesquineries. Enfant abandonnée par son père puis sa mère, elle n'a aucun sentiment vis à vis des autres. Si au début du film elle se contente d'arnaquer ses clients, jouant par là même avec leurs sentiments, puisqu'elle se permet de juger de l'intérêt des lettres qu'elle écrit pour eux, elle est également profondément inhumaine, n'hésitant pas à vendre Josué à un trafiquant d'organes pour se payer une nouvelle télé. Josué, quant à lui, est l'élément moteur de ce film, le déclencheur de l'action, celui qui crée toutes les modifications du film, par sa détermination à retrouver son père. Face à lui, Dora va pouvoir amorcer un changement, retrouver un visage humain au contact d'émotions sentimentales. Central do Brasil retrace, à travers ce voyage au centre du Brésil, leur quête identitaire, leurs espoirs, et leur inscription dans la société.
Et au final, dans un grand élan, un coup de coeur retentit.
 
vincy

 
 
 
 

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