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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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(c) Metropolitan Filmexport
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16 Blocks (16 Blocs)
USA / 2006
05.04.06
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AU GOULOT !
"Vous changez jamais vos bagnoles? Elles ont ces petites bosses de merde au milieu."
Richard Fleischer/ Richard Donner. Certains hurleront, sans doute à juste titre, de
mettre en comparaison l’homme des « Armes fatales » au signataire de « 20.000
lieux sous les mers », « L’étrangleur de Boston » ou des « Vinkings ». A l’heure où
l’on apprend la mort du dernier grand artisan d’Hollywood dans une indifférence
totale, il est bon parfois de se chercher un nouveau père et, avec « 16 blocs »,
Richard Donner se place donc en ligne de mire. Entendez deux créatifs qui, sous
couvert de commande, ont perpétué le classicisme hollywoodien jusqu’à le
remettre en question. Le split-screen par exemple chez Fleischer, et aujourd’hui
avec Donner tout un pan de la nouvelle filmologie télévisuelle. Pape du Buddy-
movie (deux gars qui n’ont rien à voir obligé de se supporter pour une enquête,
l’un noir l’autre blanc si possible à l’instar de « 48h »), Donner est le mieux placé
pour en retourner désormais les codes. C’est ce qu’il exécute avec « 16 blocs ».
Pour avoir été le réalisateur attitré des « Au nom de la loi » avec Steve Mc Queen
avant de passer bien plus tard au 7ème art, Donner est un petit Michael Mann en
vadrouille. A savoir qu’il y a peut-être plus à en apprendre dans la mise en scène
de « The Shield » que dans le dernier Spielberg. Et de savourer une caméra à
l’épaule, un grain flagrant, une lumière grisâtre, de suivre son personnage en
quête plutôt que de le contempler, l’abîmer, l’admirer dans sa plus ardente
douleur. Celui-ci est blanc comme l’était le suicidaire Mel Gibson dans la série
des « Armes fatales ». Cette fois c’est un Bruce Willis alcoolique au dernier degré
qui s’y colle, visage émacié et pneu autour de la hanche, jamais aussi crédible
sans doute depuis son personnage fantomatique du « 6ème sens ». A l’instar du
Stallone de « Copland », Willis hurle ici toute son envie d’être enfin considéré
comme un comédien et non plus un acteur, malgré un rôle et un scénario proche
d’ »Une journée en enfer ». Au black rigolo de service (Eddy Murphy ou en plus
mature Danny Glover) Donner y substitue un néo-rappeur d’ultime catégorie, ce
qui s’avèrerait opportuniste si le débit et l’accent insupportable de ce dernier
n’influait sur notre identification directe au personnage de Willis (Bon Dieu, mais
il va se taire !). Dans ce rôle, Mos Def est bien mieux qu’un Diouf, et gageons que
d’autres sauront l’utiliser à différent escient.
Scénaristiquement, il est rare de constater qu’un élément déclencheur est la
résultante d’une tare du héros – du anti-héros – et à l’alcoolisme de Willis à
Donner de l’illustrer par une mise en scène et une iconographie du haut en bas.
D’élévations et de dévaluations dans un New-York rétabli à sa verticalité malgré
l’absence des Twin Towers… Il en résulte une fuite en avant proche de « Warriors
» de Walter Hill où d’un point A il faut parvenir au point B mais cette fois ci en
passant par les toits et les caves. 16 blocs, donc, à franchir avec des flics véreux
à ses basques et une scène ultime et naivement symbolique qui s’achève dans
une confrontation « leonienne « . Willis et David Morse – qui perpétue un rôle un
tant soit-peu éculé – se retrouvent face à face dans le hangard des véhicules de
nettoyage de la Big Apple. A votre avis, qui va gagner ?… Arnaud
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