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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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April Snow (Oechul)
Corée du Sud / 2005
12.04.06
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LIAISONS FATALES
"Si on couchait ensemble pour les embêter ?"
Un homme et une femme s'aperçoivent que leurs conjoints respectifs ont une aventure. D'abord avides de comprendre, ils se rapprochent l'un de l'autre… jusqu'à ressentir eux aussi une certaine attirance. Ca vous rappelle quelque chose ? Normal, le point de départ d'April Snow a beaucoup en commun avec celui d'In The Mood for Love de Wong Kar-Wai, la subtilité en moins.
Ici, les compagnons infidèles ne filent pas des jours paisibles au Japon mais sont transformés en légumes plongés dans un profond coma. En guise d'unité de lieu, l'hôpital remplace donc l'appartement partagé par M. Chow et Mme Chan, mais le résultat est sensiblement le même. In-su et Seo-Yung se croisent sans cesse dans les couloirs de l'hôpital, s'épient à travers les fenêtres, se rencontrent dans l'escalier… Ils louent même des chambres d'hôtel voisines. Alors, forcément, la glace finit par fondre entre eux… jusqu'à ce que l'ambiance devienne carrément torride.
Hur Jin-ho gère plutôt bien cette première partie. Il privilégie les scènes courtes et quasiment muettes, amenant l'intrigue par petites touches légères et laissant peu à peu affleurer l'émotion. Malheureusement, ce sens de la mesure ne dure pas. Très vite, les personnages se laissent aller aux larmes, aux cris et aux gémissements plein cadre. Même les scènes d'amour sont filmées avec une sorte d'obscénité sordide. La caméra scrute les visages au plus près, voyeuse, tandis que les gestes se font interminables, racoleurs malgré la caution romantique d'une ritournelle sirupeuse au violoncelle.
Ensuite, Hur Jin-ho joue la carte du symbolisme lourd de sens. Des catastrophes ont lieu presque chaque fois que In-su et Seo-Yung se voient clandestinement, nimbant leur relation d'une sourde mauvaise conscience. Seo-Yung recouvre son mari d'une couverture comme s'il était mort, dans un geste dont on ne saurait dire s'il est l'expression d'un souhait ou d'une prémonition. In-su se comporte avec ostentation en mari aux petits soins…
Globalement, tout cela sonne faux. Ne sachant visiblement pas lui-même comment il conviendrait de se dépêtrer de cette histoire, le réalisateur opte pour un ton de mélo absolu (sens du devoir suraigu, comportement sacrificiel, amour impossible) qui ne cadre pas vraiment avec les scènes anodines et dénuées d'affect sur lesquelles il s'attarde. Là où In The Mood for Love frappait par son parfum de mystère et ses émotions retenues, April Snow fait l'effet d'une guimauve boursouflée. Tout le monde n'est pas capable de faire d'un banal adultère une histoire universelle et atemporelle d'amour absolu… n'est pas Wong Kar-Wai qui veut.
MpM
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