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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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OSS 117, Le Caire nid d’espions
France / 2006
19.04.06
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LE KIKI DE TOUS LES KIKIS
« Ca se paie de jouer les malins! »
Y’a-t-il une « Hubert B. Girl » pour sauver le mojo d’OSS 117? Enfin une parodie digne de ce nom! Une vraie, émincée, drolatique, cadencée et astucieusement référencée. Un frétillant jeu de piste qui, de clins d’œil en clins d’œil, joue à saute mouton, stimule nos iris et zygomatiques avant de nous emporter sur ses rafraîchissants airs revenus des âges d’Or. Merci Messieurs Connery et Hitchcock! Marions vos talents! Créons notre dévoué à l’hexagone : le beau mec, la grande gueule hyperactive et volontaire. Soit. Il a bien des excuses : il est typiquement français. Sexy, élégant, survolté, impertinent, pragmatique. Allons-y, poussons le vice : pourquoi pas condescendant, maniaque, inculte, macho, misogyne, homo refoulé sinon bi sans vraie libido et pourtant bien magnétique. Il fallait le faire! On assure que ça fonctionne à merveille! Et pourtant! On est bien loin de ces délicieux antihéros à la Veber. A bons entendeurs…
On l’appelait Dudu sur le tournage de Toutes les filles sont folles. Prompt hommage à Bebel. Cette fois-ci, une chose est sûre : le voilà bien parti. Brice bientôt à la retraite? On pourrait enfin l’envisager. Loin de son rôle phare de 2005 et une fois de plus, Dujardin nous confirme son incroyable propension à tirer ses personnages vers le haut. Nul doute que son OSS 117 deviendra culte. Et ce n’est pas sa parfaite frimousse à la Sean Connery qui nous insufflera le contraire. On ne peut que s’en délecter : sous la direction de Michel Hazanavicius, le comédien se sera entièrement fait plaisir. Au final (et à méditer pour toute bonne parodie future), à défaut d’intrigue, le film choisira tambour battant le créneau de la bonne frénésie. Du contre-pied bien efficace. De l’action, encore et encore : le réalisateur juxtapose les niveaux de lecture, les cristallise en tempo, images, dialogues et musiques confondus. Sans oublier un copieux éventail de vannes, une fois n’est pas coutume, bonnes et audacieuses : référencées sur notre belle et honteuse Histoire, sur la complexité des enjeux politico-financiers de l’époque, sur le kitsch des années Welfare, sur ces premières heures où l’on s’émancipe, libéralise les échanges, où l’on consomme, où l’on commence à parler de tabous. Oui : de tabous… Et, même de sexe entre gentlemen consentants. Contre tous codes normatifs, reconnaissons là à Michel Hazanavicius une belle vivacité d’esprit et surtout un vrai sens de l’esthétique, du beau, et de l’accrocheur. En la matière, le cinéma français arrive à pénurie. Au mieux, il devient pantouflard. Alors, à vos tickets! Sachez qu’OSS 117 pourrait bien parvenir à séduire les plus réfractaires, ceux qui saturent avec Brice, avec Dujardin, avec l’humour bradé, le cinéma à sketches et bien sûr avec le genre, bien trop longtemps cuisiné sauce NPA dans la production française… L’occasion aussi de se souvenir que la France n’a pas qu’une Histoire bien propre.
Alors? Convaincus?
Sabrina
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