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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les enfants du pays
France / 2006
19.04.05
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UNE AUTRE FRANCE-AFRIQUE
"Si tu rencontres un étranger, avant de le repousser, méfie-toi, tu es peut-être devant ton frère ou… devant ton miroir ! "Proverbe africain.
En ces temps troubles et troublés où une polémique sur la représentation des minorités dans les médias en suit une autre sur le rôle positif de la colonisation, sans jamais apporter d’apaisement à qui que ce soit, Pierre Javaux nous livre un film familial qui fait œuvre de devoir de mémoire sans jamais tomber dans la revendication agressive ni amère. Il s’agit plutôt d’une fable sur la tolérance et sur la connaissance de l’autre.
Les enfants du pays, ce sont les trois protagonistes blancs, le grand-père protecteur et raciste, ses deux petits-enfants, curieux et innocents de tout préjugé, mais aussi ces six tirailleurs venus d’ailleurs se battre pour un pays qui n’est le leur ni en 1940, ni en 2005. Une image de la France éternelle peut-être ?
Javaux en tout cas n’hésite pas à briser cette résistance au partage qui existe chez chacun d’entre nous : les chants africains résonnent sur la campagne française, créant une atmosphère quasi mystique, des rites vaudous sont pratiqués dans une église, en plein bombardement, une petite paysanne blanche tombe amoureuse d’un jeune soldat noir, une vache est peinte en zèbre… Aucune de ces situations, bizarrement, ne semble artificielle. Probablement parce que ce film est d’une grande simplicité : jamais aucun acteur ne surjoue et même les mouvements de caméra sont réduits au strict minimum. La fantaisie n’est pour autant pas oubliée, et l’on apprécie d’autant mieux les scènes humoristiques ou carrément surréalistes (le rêve Camille avec un incroyable MIchel Serrault perruqué, maquillé et couvert de bijoux) de ces deux jours passés en Gaulle Africaine. Javaux s’empare d’ailleurs avec un plaisir évident de clichés tenaces pour en faire de la chair à canon : le petit nègre (« Le forofifon est un créole du français, le français n’est-il pas le créole du latin ? »), le fameux Ya bon banania, etc.
Un scénario qui se tient toujours droit, entre rires et larmes, entre gravité et légèreté, entre fantaisie et réalité, un casting impeccable, avec des « couples » qui fonctionnent à merveille (Serrault et le caporal Malick, Le petit Etienne et son ami le sorcier africain, Camille et son amoureux Ba), un devoir de mémoire accompli dans un élan d’amour pour l’autre malgré des comptes à régler… Les Enfants du Pays< /i> mérite de connaître le même succès que le premier long-métrage de Pierre Javaux, Le Cœur des Hommes.
asha
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